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« Au départ, c’était juste une blague », rigole Guillaume Blot, photographe-journaliste signé chez Hans Lucas, collaborateur pour Libé, Vice, So Foot et… Time Out. « Je venais de poster sur Insta une photo d’un papy dans un bar, et mon pote Martin a réagi avec ce commentaire : Dieu du rade ! » Bachi de marin vintage vissé en travers du crâne, le gusse a la malice dans l’œil et un réel amour de « la France popu ». Comme Atget qui immortalisa au XIXe siècle les passages aujourd’hui disparus de Paris, ou Depardon plus récemment, il cherche à « documenter une France sur le point de disparaître ». Celle des bistrots, des routiers, des bingos. Son travail sur les buvettes de stade s’est ainsi exposé sur les murs des Rencontres d'Arles 2019 (Voies Off).
Trois mois de taf (et de pintes de Stella) plus tard, le jeu de mots potache débouche sur ce « calendrier des dieux du rade 2020 », série ludique co-imaginée avec Martin Morales et le DA et graphiste Maxime Gourga. A l’intérieur ? « Douze patron(ne)s / employé(e)s / habitué(e)s de bistrots parisiens ». Parmi eux, des têtes bien connues : Rabah du Zorba, Aldo de l'Arsouille ou encore Paul de Chabalitosse du 9b. Mais aussi des habitués historiques, figures mythiques hantant les comptoirs parigots, tel Aldo, roi du flipper !
Mais au fait, qu’est-ce qu’un rade ? « Un bar ou café qui a gardé une âme », selon Guillaume Blot. « Des lieux pas maquillés par un vernis de branchitude, qui ont une identité propre sans en faire des caisses, fréquentés par des habitués. » Il faut dire que repris et marketé, à l’instar des néo-Bouillons d’aujourd’hui (Pigalle, Julien…), le vrai rade se fait denrée rare. Chez Jeannette et le Mansart n’ont-ils pas été récupérés par la hype ? Ce qui est sûr, c’est que le débat passionne.
A 10 € pièce, cette première édition limitée à 100 exemplaires numérotés s’est arrachée. On attend la suite avec impatience : « Une expo, et peut-être un nouveau calendrier pour 2021. » Plus d'infos sur le calendrier des Dieux du rade 2020 ici