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Vous avez atterri dans un aéroport quelconque, sauté dans un bus direction le centre ville et, chemin faisant, pu admirer quantité de statues en marbre, de jardins géométriques et boulevards haussmanniens tentaculaires. Ça fait du bien de rentrer au bercail, vous dites-vous. Attention ! Vous pourriez vous être trompé(e) de destination. Car le Paris de Tianducheng, sinistre lotissement perdu à quelque 9 656 km de là, dans la banlieue de Hangzhou, en Chine orientale, n'est PAS Paris. Même s'il lui ressemble comme un Alain Deloin.
Surnommé le "Paris de l'Orient", ce quartier est censé imiter la capitale française dans toute sa splendeur architecturale : et vas-y que je te balance des jardins de Versailles à échelle réduite, ou une réplique de 107m de la Tour Eiffel ! En plus de piquer la curiosité de visiteurs venus d'autres provinces de Chine, voire carrément de touristes étrangers, cet improbable OVNI devait accueillir environ 10 000 habitants. Un beau fiasco, car plus de dix ans après son ouverture, seules 2 000 personnes vivraient actuellement à Tianducheng ! Même lorsque des milliers de voyageurs affluent ici en pleine saison, tout cet espace vide dégage une atmosphère bien glauque.
De la réplique shanghaïenne de la ville de Londres (Thames Town), à l'étonnante version made in Guangdong copié sur un modèle autrichien, le mouvement de "duplication" est une tendance de fond en Chine. Mais aucune copie n'a poussé le vice aussi loin que celle de Tianducheng. Le nouveau livre du photographe François Prost, Paris, Chine, publié début septembre 2020 chez Hoxton Mini Press, cherche à analyser le phénomène, en mettant côte à côte les photos de la ville chinoise et celle du modèle parisien d'origine. Voici 12 images tirées de ce livre. Sauriez-vous pointer les différences ? Spoiler : Tianducheng est à gauche, Paris à droite.