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Comment Paris est devenue la capitale mondiale de la photo ?

En 2024, ça fait 200 ans que l’humanité sait comment prendre des photos, et presque autant de temps qu’elle photographie Paris. Alors que le Mois de la photo bat son plein, voici comment Paname est devenue une étape incontournable pour les amateurs de clichés du monde entier.

Zoé Terouinard
Écrit par
Zoé Terouinard
Journaliste, Time Out Paris
Comment Paris est-elle devenue la capitale de la photo ?
Photo de Samuele Giglio sur Unsplash
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Du 7 au 10 novembre derniers se tenait l’un des rendez-vous préférés des amoureux de l’art : Paris Photo. Pour cette 27e édition, plus de 80 000 visiteurs se sont pressés dans les allées du Grand Palais fraîchement rouvert pour admirer les œuvres de quelque 240 galeries, faisant de la ville l’incontestable capitale mondiale de la photo le temps d’un week-end.

Mais ça fait bien plus longtemps que Paris tient une place particulière dans le cœur des photographes. Romantique chez Robert Doisneau, touristique chez Martin Parr, engagée chez Odieux Boby, notre ville a été captée sous tous les angles. Et elle le rend bien en mettant en lumière le travail des pros depuis plus de quarante ans lors de son fameux Mois de la photo, lancé en 1980 (et rebaptisé Mois de la photo du Grand Paris en 2017 pour plus d’inclusivité).

Un engouement sans équivalent

Depuis, le mois de novembre, la chambre noire de l’année avec ses journées qui durent huit minutes, est devenu la période préférée des photophiles. Le Mois de la photo a multiplié les événements tous les deux ans dans les institutions de la capitale comme la Maison européenne de la photographie (ouverte en 1996) et les petites galeries du Marais pour mettre en lumière un médium éminemment moderne. Une biennale devenue peu à peu annuelle avec l’ajout d’événements comme PhotoSaintGermain en 2011, Photo Days en 2020 et donc Paris Photo.

Lancé en 1997, le salon n’a aucun équivalent. Ni Photo Fair à Londres (35 000 visiteurs, deux fois moins) ni Aipad Photography Show à New York (12 500 pèlerins à peine) ne font le poids, que ce soit en termes de fréquentation ou de casting. Et puis il y a le cadre, juste imbattable. Les premières années, la manifestation se déroulait dans les sous-sols du carrousel du Louvre, et depuis 2011 sous la majestueuse verrière du Grand Palais – évidemment que ça attire les artistes et les collectionneurs les plus réputés. Bref, y a pas match ! “Les Français sont des connaisseurs”, reconnaissait il y a dix ans déjà le galeriste britannique Tim Jefferies dans les colonnes du Figaro, “À Londres, la chimie ne prend pas. Il y a une symbiose entre les Parisiens et la photographie. Pourquoi ? Le climat culturel.”

Développer la fanbase

Un climat favorable qui a donc permis l’éclosion d’autres événements comme PhotoSaintGermain, organisé par les galeries de la rive gauche, et Photo Days, imaginé par Emmanuelle de L'Ecotais. Docteure en histoire de l’art et chargée de la collection photographique du musée d'Art moderne de la Ville de Paris, son objectif est clair : développer la fanbase et ouvrir la photo à un nouveau public qui n’habite pas forcément dans des arrondissements à un chiffre.

“En 2020, on a commencé avec une trentaine de galeries dans Paris. L'année dernière, on est passés à 55 galeries dans Paris et la petite couronne, avec Pantin et Romainville par exemple. Cette année, on continue parce que cela a énormément de succès. Le principe de Photo Days est vraiment d'inciter toutes les nouvelles générations à passer le cap et à entrer dans ces galeries”, expliquait-elle dans un podcast en 2022.

Entrer, c’est le moins évident selon elle : “Très souvent, les gens n'osent pas franchir la porte des galeries, pensant que ce sont des lieux exclusifs. En réalité, ce n’est pas du tout le cas !” Pour beaucoup, la galerie a quelque chose d’intimidant, d’interdit. Peut-être est-ce pour cela qu’on voit arriver la photographie dans des lieux hybrides à Paris, comme le Quai de la Photo, ouvert en 2023. Installée sur les quais, à proximité de la Bibliothèque nationale de France, la péniche associe bar, librairie ou encore expériences nautiques à ses expositions pour attirer même les plus timides.

“L’idée, c’est vraiment de rendre la culture accessible. C’est un combat qu’il faut mener partout, à l’école, dans les lieux culturels…”, nous dit le fondateur Nicolas Laugero Lasserre, également à l’origine de Fluctuart, un autre centre d’art flottant sur la Seine. “Il faut amener l’art là où il n’est pas. Dans les lieux qu’on invente, il y a des gens qui ne viennent que pour les expos, d’autres que pour faire la fête, mais ils se retrouvent entourés d’art et en prennent quand même plein les yeux.”

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