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« 93 tu peux pas test », disait Mac Tyer en 2006. Dix-huit ans plus tard, le photographe Marvin Bonheur semble reprendre à son compte l’antienne du rappeur avec La Trilogie du bonheur, un livre célébrant la Seine-Saint-Denis à l’aide de clichés beaux et bruts comme le bâtiment de la Bourse du Travail de Bobigny.
Sorti cet automne chez Cé Editions, ce très beau livre de Marvin Bonheur retrace chronologiquement, en trois parties (« Alzheimer, le souvenir de mon 93 » ; « Thérapie, le visage des oubliés » ; « Renaissance, Revanche 93 ») quatre ans de pratique photographique et de questionnements sur son rapport à la Seine-Saint-Denis. Tout a commencé pour lui en 2014, l’année où il arrive à Paris après avoir quitté le 93, qu’il se met alors à explorer et photographier. C’est ce qui fait que ce livre transpire l’honnêteté : Marvin Bonheur est un local. Le 93, il ne le fantasme pas, il l’a vécu et il le photographie (à l’argentique) sans autre objectif que de raconter le quotidien des habitants et de leur environnement.
Une jolie respiration
Ça donne des séries de paysages avec des bâtiments dignes de l’ex-URSS (ha cette fascination pour la perspective verticale), des commerces restés dans les années 1990 ou cette dalle d’immeuble lézardée qui donne l’impression d’avoir été recouverte de lave. L’autre sujet, ce sont les gens, qui jouent au Uno, qui galèrent dans la ligne 13, qui font du motocross, qui font la queue au camion de glaces – très Martin Parr celle-ci – ou qui demandent justice.
Sans doute qu’y avoir grandi biaise notre regard, mais cette Trilogie du bonheur est une jolie respiration dans le climat actuel et un super cadeau à offrir à votre oncle en boucle sur les chaînes d’info.
La trilogie du bonheur, de Marvin Bonheur, Cé éditions, 208 pages, 50 €.