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A huit jours de l’ouverture, ça s’agite sévère sous les gaines de ventilation apparentes et les abat-jour en contreplaqué du Food Society, l’un des plus grands food courts (halles alimentaires en VF) d’Europe, posté à Gaîté, à un jet d’arancini de la gare Montparnasse. Les ingénieurs fignolent la qualité du signal wi-fi pour que l’appli de commande soit plus réactive qu’un allergique à la fête du pollen ; Victor Garnier, le boss de Blend, perfectionne le geste auguste consistant à smasher un burger ; et Raphaël Catenari, le directeur, attend de pied ferme la visite de la commission de sécurité.
Derrière cette immense adresse de 15 restaurants (ça brasse large : pizza, galette, fruits de mer, couscous…), deux bars (dont un à cocktails signé Margot Lecarpentier) et 600 places assises, on trouve Virginie Godard, grande prêtresse des messes street food de qualité. Le Food Market à Belleville et le premier Food Society à Lyon, c’est elle. « J’avais envie d’explorer un nouveau quartier de Paris, de quitter l’Est. Ce lieu et sa taille ont guidé le projet, où l’on a pu mixer chefs connus et cuisinier moins dans la lumière pour attirer et surprendre les gens. »
Aux côtés d’Adrien Cachot, qui chantourne des tapas au top comme ces superfondantes croquettes de cabillaud (6,50 €), ou Mory Sacko et ses variantes pouletphiles (son M.S Fried Chicken à la panure du diable et sauce pimentée met tout le monde d’accord pour 11 €), on trouve quelques comptoirs sous les radars : Jong-sun Yi et Laurent Meuret, qui importent leurs produits directement de Corée pour leur bibimbap de compète (qui régalent déjà la Maison de la Corée), ou Georges Baghdi Sar, sorcier syriano-arméno-belge du tannour (le four à pita syrien) croisée par Valérie Godard à Bruxelles alors qu’elle visitait Lionel Jadot, l’architecte du lieu.
Puisqu’on en parle, reconnaissons que le gars a bien bossé : Food Society a vraiment de l’allure dans le genre industriel-chantier-arty-récupe. Les tables polygonales subtilement tachées, les chaises en acier galvanisées, la signalisation en faïence, tout a été fait par des designers et des artisans et respire le bon goût. « Ce grand espace a été réalisé par une multitude de petits qui ont chacun imprimé leur patte. Ce respect de la personnalité de tous a joué pour convaincre des chefs peu habitués à ce genre d’échelle », explique Virginie, alors qu’elle découvre encore des éléments de déco comme ces discrètes hélices colorées tournant au plafond.
Faire bouger les genoux entre les repas
Ainsi, le sourcing est centralisé pour ne pas multiplier les livraisons mais tout est validé par les comptoirs depuis le cheddar spécial des burgers aux légumes de l’osteria de Fabrizio Ferrara. « Le format food court, bien connu en Italie, demande des menus simples, directs, lisibles. Tout ce que j’aime faire. Mes menus pour les quatre saisons de l’année sont déjà prêts, pas question de proposer des aubergines en hiver ! »
En plus de remplir les estomacs, le Food Society a aussi prévu de faire bouger les genoux entre les repas. Aux manettes, Lionel Bensemoun, qui avait déjà animé ces murs avec son éphémère et pétaradant Consulat Gaîté en 2018, remet le couvert. « On a testé avec les copains, le son est vraiment exceptionnel. Il y a vraiment moyen de faire des grosses fêtes ! » Au programme sur la scène centrale, des concerts, des DJ sets, du stand up, des karaokés, des tables rondes… A voir et à manger, comme dit la baseline du Food Society. Reste à tester le tout en conditions réelles.
Quoi ? Food Society
Quand ? Ouverture le 20 octobre. Du lundi au samedi, de 8h à 1h, dimanche, de 9h à 23h
Où ? 68, avenue du Maine, Paris 14e