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Hospitalisé en urgence dans la nuit de lundi à mardi, le célèbre directeur artistique de Chanel s'est éteint ce mardi 19 février 2019 à l'hôpital américain de Neuilly. Allemand d'origine, à l'accent reconnaissable entre mille, Karl Lagerfeld était devenu une figure incontournable, indissociable de l'image de Paris. Hommage au plus parisien des étrangers.
« Plus qu’une incarnation de Paris, Karl Lagerfeld était Paris. » Les mots d'Anne Hidalgo sonnent juste. « Je suis un étranger et je suis heureux de l’être, parce que les étrangers voient Paris et la France avec un autre œil », déclarait en juillet 2017 le couturier. C'est cette phrase qu'on aimerait retenir. Plutôt que ses propos ahurissants sur certains étrangers...
Un Allemand dans Paris
Fils d’une mère prussienne et d’un père suédois, né à Hambourg, le jeune Karl Otto Lagerfeldt a une vingtaine d’années quand il déboule à Paris. Il a la tête pleine de rêves, et très vite, la Ville lumière chérit l'enfant terrible de la mode. Comme Yves Saint Laurent, le voici qui remporte en novembre 1954 un prix au Secrétariat international de la laine. Dans le jury, Pierre Balmain le repère et le recrute comme assistant. Le début de la gloire. Et de toute une vie parisienne.
Très touché par les attentats qui endeuillent la capitale en 2015, le couturier confie en 2016 à la chaîne américaine CNN : « Je dois avouer que toute ma vie, je n’ai jamais vu Paris aussi sombre. » La joie semble revenue lors de la présentation de sa collection haute couture automne-hiver 2017/2018. « Vive Paris ! », s’écrie-t-il alors, devant une maousse réplique de la tour Eiffel (haute de 38 mètres !). A l'issue d'un défilé monumental sous la coupole de verre et d'acier du Grand Palais, Anne Hidalgo le décore de la médaille Grand Vermeil. Soit la plus haute distinction de la capitale, venant récompenser les personnes ayant participé au rayonnement de Paris à travers le monde. C'est également lui que la ville choisit l'hiver dernier pour illuminer les Champs.
Ni fleurs ni couronnes
A nos confrères de Time Out London, il déclarait, bravache, qu'il ne se voyait pas prendre sa retraite. Mais depuis quelque temps déjà, le magnat de la mode ne tenait plus ce rythme effréné. Le 22 janvier dernier, son absence aux deux derniers défilés Chanel, la première de toute sa carrière, avait ému l'assistance. Lui qui déclarait pour unique maladie « les livres » (en témoigne son excellente librairie 7L, spécialisée en photographie et ouverte... à Paris évidemment, dans le 7e cette fois) est probablement décédé des suites d'un cancer du pancréas, selon le magazine people Public.
Un hommage national populaire à la Johnny ? « Il n’y aura pas d’enterrement. Plutôt mourir », lâchait, en avril 2018 à nos collègues de Numéro, le roi de la mode (et de la provoc). Autant vous le dire tout de go : remballez vos roses blanches, vos peluches nounours ou cœur. Les effusions, pas trop le genre du Kaiser. « C'est horrible d'encombrer les gens avec ses restes. » L'homme au catogan avait tout prévu : « J'ai demandé que l'on m'incinère et que l'on disperse mes cendres avec celles de ma mère... Et celles de Choupette (son chat, ndlr), si elle meurt avant moi. »