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La Femme nous parle de leur nouvel album taillé pour les stades, « Rock Machine »

Rémi Morvan
Écrit par
Rémi Morvan
Journaliste, Time Out Paris
La Femme
© LAURENT CHOUARD
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La Femme sort sa nouvelle collection. Après leurs pérégrinations hispaniques (Teatro Lucido en 2022) et pacifiques (Paris-Hawaï en 2023), les hurluberlus de la pop française sont de retour avec leur album Rock Machine. Un disque qui les voit à nouveau titiller leurs origines synthétiques eighties hérissées de lancinante nostalgie, en partie couplées à des ambiances de rock de stade typiques de la décennie.  

Ils enquillent à pleine vitesse tubes entêtants (« Ciao Paris », « Sweet Babe »), questionnement égotique (« I’m Gonna Make a Hit »), teintes kitsch à la limite de l’embardée, et épique conclusion sur une cornemuse bonne à faire chialer Christophe Lambert. Alors qu’ils déclineront ce rock dans un vrai stade l’an prochain – avec un concert à Bercy le 26 novembre 2025 –, on a interrogé les membres du groupe Sacha Got et Marlon Magnée pour mieux comprendre cette alliance sonique du passé et du gigantisme.

Après un album espagnol et un album hawaïen, vous entrez dans l’ère Rock Machine. On est sur quelque chose de très années 1980, tant au niveau de la musique que des visuels, qui revient à vos sonorités du début.

Marlon : Pour nous, chaque album est comme une nouvelle collection de mode, avec un nouveau thème. Sur celui-ci, c’est vrai qu’il y a un vrai retour aux sources avec les synthés et les ambiances de rock new wave très années 1980, auxquelles on a voulu ajouter des gros solos de guitare très rock.

Sacha : On avait en tête un aspect esthétique et une ambiance très guitare électrique, très rock de stade, avec des morceaux comme « Clover Paradise » ou « I Believe in Rock’n’roll ». C’est comme ça que Rock Machine est apparu.  

Marlon : Ça nous paraissait intéressant de faire cohabiter deux esthétiques des années 1980 a priori antagonistes et qui ont assez peu été mêlées : d’un côté la new wave et la coldwave, et de l’autre le glam et le hard rock. C’est quelque chose d'assez prégnant dans le morceau « Clover Paradise ».

Quelles sont vos références de cette époque ?

Sacha : Sur « I Believe in Rock’n’roll », tu peux entendre du AC/DC mais aussi le morceau « (You Gotta) Fight for Your Right (To Party!) » des Beastie Boys, qu’on a voulu mixer à des basses synthés et à une production plus moderne. Mais tu peux aussi trouver une ambiance Manchester Haçienda dans « Love Is Over ».

Que signifie le titre « My Generation », dans lequel vous dites être « the last generation of the old world ».

Marlon : C’est un hymne au rock, aux jeunes, à la fête ! Ça signifie qu’on bascule dans un nouveau monde entièrement numérique de réseaux sociaux et des IA. On est la dernière génération qui a connu ce qu’il y avait avant.

Sacha : On a un peu le cul entre deux chaises dans cette transition. Au collège, on n’avait pas de téléphone, tu avais l’ordi familial avec une heure d’Internet par jour. 

Un peu comme Damso dans « Comment faire un tube », vous avez un morceau nommé « I Gonna Make a Hit », dans lequel vous théorisez la manière de faire un tube. Alors il y a vraiment une méthode ?

Sacha : Ce morceau parle des stéréotypes du tube mais tu as pourtant des exemples comme « Blue Monday » de New Order ou « Bohemian Rhapsody » de Queen qui sont des cartons hors format.

Marlon : C’est étrange car bien souvent, les distributeurs nous demandent : « C’est quoi les singles de vos disques ? » Typiquement, dans Mystère, on pensait qu’« Elle ne t’aime pas » serait un tube et… non. Et sept ans plus tard, grâce à TikTok, elle est devenue notre morceau le plus streamé. 

La Femme
© LAURENT CHOUARD

Et si vous deviez mettre une pièce sur un morceau de cet album ? 

Marlon : Pour cet album, c’est complexe à dire. Par exemple, « Clover Paradise » est un hit personnel mais ça met trois heures à commencer, y a un solo de 7 minutes… Ce n’est pas un format radio.

Vous avez fait un album de rock de stade, et vous allez le jouer à Bercy pour la première fois.

Marlon : On est assez fiers de faire Bercy, surtout avec la musique qu’on joue. Il y a un côté communautaire à chanter ensemble, comme dans une grande église, d’avoir toutes les lumières allumées en même temps. 

Sur le dernier morceau, vous utilisez pour la première fois une cornemuse, avec un côté très crépusculaire. Pourquoi cet instrument ?

Marlon : C’est un morceau à contre-courant et pour être honnête, on a hésité à le mettre. On ne voulait pas que ça fasse trop « Lacs du Connemara ». La cornemuse est l’un des instruments les plus beaux et solennels du monde, qui communique avec le divin et qui est souvent utilisé dans les grandes cérémonies. J’aimerais beaucoup avoir des cornemuses à mon enterrement. Historiquement, c’est un des instruments phares du nord de la Grande-Bretagne. Tu en as aussi en Bretagne, en Galice mais aussi, je crois, dans certains pays d’Afrique, les Berbères, les Balkans. Au-delà du symbolisme, c’est beau, et comme c’est notre album anglais, on y a été !

Est-ce que la cornemuse est annonciatrice de la couleur de votre prochain album ?

Marlon : Alors pas du tout mais j’aimerais bien mettre plus de cornemuse à l’avenir !

Sacha : On en avait acheté une à Glasgow mais on n’a jamais réussi à s’en servir !

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