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Ça faisait plus de quarante ans que l’Établissement central d’aérostation militaire de Chalais-Meudon (sic) n’avait pas reçu du monde. Construit en 1879 à l'orée de la forêt de Meudon, ce grand hangar fut tour à tour entrepôt de dirigeables, usine à ballons, musée de l’Air, atelier de Chagall (qui y a assemblé les panneaux du plafond de l’Opéra Garnier), et friche depuis 1981… Trois ans de travaux de réhabilitation et 30 millions d’euros plus tard, l’édifice est renommé Hangar Y et devient, sous l’impulsion de Frédéric Jousset et de la Fondation Art Explora, un centre d’art XXL planqué en pleine forêt.
Mais le Hangar Y n’est pas dans un esprit musée. “On ne veut pas faire du Hangar Y un énième centre d’art contemporain car on est bien conscients qu’il y a toute l’offre nécessaire sur Paris”, confie Blanche de Lestrange, directrice artistique de la Fondation Art Explora. Le lieu se transforme donc en spot culturel et festif le week-end et les vacances scolaires, et se privatise la semaine. Un modèle économique qui lui permet de proposer des prix attractifs : 10 euros pour un accès à l’expo et au parc, 12 pour ajouter 30 minutes d’immersion en réalité augmentée sous la nef et découvrir l’histoire du lieu.
Un lieu hybride et expérimental
Fort de son passé aéronautique, le Hangar Y mise sur une expo axée sur le vol pour inaugurer son espace, Dans l’air, les machines volantes. Consacrée à la conquête du ciel, l’exposition associe une cinquantaine d'œuvres d’art contemporain à un cabinet de curiosités retraçant l’histoire de la “ballonmania” de la fin du XVIIIe siècle. Un choix logique pour commencer, mais la suite de la programmation sera plus diversifiée et s’articulera autour de trois thèmes. “Les grands enjeux du Hangar Y sont culture, science et nature”, explique Blanche de Lestrange. “Il se trouve que Meudon est un berceau scientifique essentiel puisque l’Observatoire de Paris, le CNRS et l’Onera (le centre de recherche aérospatiale) s’y trouvent. Traiter de la science et de la technologie fait donc tout à fait sens.”
“Il est important pour nous de sensibiliser nos publics à l’écologie, à l’environnement, en créant par exemple des ateliers qui attirent l’attention sur le respect de la faune et la flore, ou en sélectionnant des artistes qui s’emparent de ces sujets. On envisage le Hangar Y comme un lieu de réflexion hybride et expérimental où différentes disciplines peuvent se croiser.” Le tout dans un cadre naturel exceptionnel.
L’art se met au vert
Accessible en RER C, en Transilien (ligne N) et en bus depuis la station de métro Porte de Saint-Cloud (ligne 9), le Hangar Y promet un dépaysement total dans la petite couronne. Installé sur une partie du domaine du château royal de Meudon, son site de 10 hectares se paye même le luxe de contenir un fragment du jardin historique façonné par André Le Nôtre, paysagiste officiel de Louis XIV, autour d’un grand bassin hexagonal du XVIIe siècle. Un cadre extraordinaire que le Hangar Y propose de découvrir toute l’année à 3 euros. Première étape avant de pénétrer dans le monument de verre : faire un tour dans les jardins, investis par 20 artistes contemporains dont les noms font rêver les plus grands collectionneurs de la planète. Christian Boltanski, Subodh Gupta ou encore Ugo Rondinone s’emparent du paysage sylvestre pour installer des œuvres monumentales, vouées pour la plupart à rester sur place. La balade (d’une vingtaine de minutes) se conclut par une création sonore réalisée en collaboration avec l’Ircam qui nous immerge totalement. Le petit bonus ? Ça capte vraiment très mal. Déconnexion assurée.
Une nouvelle adresse culture, food et teuf
A l’approche des beaux jours, difficile d'imaginer meilleur lieu pour profiter du soleil. Les équipes du Hangar Y misent sur la saison estivale pour se faire un nom dans le paysage culturel du Grand Paris. “La dimension saisonnière est essentielle pour nous, et on prévoit d’accompagner notre offre d’une programmation événementielle performative, notamment autour de la danse contemporaine et la musique”, poursuit Blanche de Lestrange. Pour ça, le Hangar Y peut compter sur un partenariat de choix avec le Perchoir Group qui installe ses tables juste à côté, avec Guillaume Sanchez aux manettes. Baptisée Perchoir Y, la première adresse en banlieue des boss des rooftops parigots allie resto, bar et guinguette. Au programme ? Des barbeucs signés The Beast, des cocktails et des DJ sets en pleine nature… Vous le sentez, l’appel de la forêt ?