[title]
« Faut prendre ce que je dis avec une pincée de sel ! » Ce subtil accent anglais, ces traductions littérales d’expressions dignes d’Astérix chez les Bretons, cette onctueuse présence de grand fauve des comptoirs, ni trop familière ni trop distante. Pas de doute, c’est bien Colin Peter Field ! Bien cintré dans sa veste blanche brodée à son nom, le légendaire taulier du bar Hemingway du Ritz entre 1994 (l’ancien Petit Bar du temps d’Ernest Hemingway servait alors de stock !) et 2023 n’aura pas raccroché longtemps les shakers ! Le voilà au bar de la Maison Proust où il officie désormais deux vendredis par mois entouré de rayonnage de livres, de velours grenat et de touristes anglophones bien informés. Il plaisante, parle beaucoup du Ritz (« Je n’y pense plus du tout »), prend les commandes et pose pour les photos.
Largement assisté par Sarah Azouaou (ancienne du Solera), Colin propose aussi une carte de dix cocktails entre classiques exfiltrés du palace et créations très vieille école. Pas d’ingrédients exotiques, nul shrub, fat wash ou clarification à l’horizon et trois ingrédients max. A l’annnncienne. On retrouve donc son mythique Serendipity (calvados, jus de pomme, champagne et un tas de menthe) qui a fait son succès au Ritz. Les intitulés se montrent plus longs que la recette comme ces Intermittences du Cœur au shochu de riz et vermouth, twist rugueux de Manhattan. Les prix ? Pas donnés (25 € le verre) mais dans la moyenne des cinq-étoiles, sauf Le Temps Retrouvé affiché à… 500 € ! Un tarif de millionnaire texan pour un verre qui mélange un armagnac de 1922 (année de la mort de Proust) infusé à la truffe et du champagne… Ça fait cher la madeleine pour se rappeler des cocktails du XXe siècle !
Où ? 26, rue de Picardie, Paris 3e
Quand ? Deux vendredis par mois (appelez avant le 01 86 54 55 55 pour ne pas le rater)