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C’est dans le contexte de la possible fermeture de Mains d’Œuvres que la 14e édition du Mo’fo Festival revient cette semaine. Quand la plupart des festivals auraient opté pour la compromission, le Mo’fo préfère balancer une programmation façon sidekick de Tony Chapron, à l’allure de manifeste de plus de quinze ans d’activisme musical.
Décidément, après l’annonce de la fermeture de la Mécanique ondulatoire et le départ d’Etienne Blanchot de Villette Sonique, il ne fait pas bon vivre dans le petit monde de la scène musicale indépendante parisienne. Menacée d’expulsion, Mains d’Œuvres a brandi sa carte maîtresse, le Mo’fo Festival, pour résister avec ce qu’elle sait faire de mieux : créer.
Depuis 2014 et l’élection de William Delannoy (UDI) à la tête de la mairie de Saint-Ouen, les relations entre ce phare de la culture du Nord parisien et les autorités municipales se sont, et c’est peu de le dire, quelque peu tendues, avec l’arrêt des subventions et la signature d’un protocole de fin de bail en novembre 2015 pour une libération des locaux le 31 décembre 2017. Un protocole aujourd’hui dénoncé par Mains d’Œuvres, surtout depuis l’annonce du choix de la mairie d’installer le conservatoire municipal dans les locaux de la rue Charles Garnier. Quand on connaît l’engagement de la structure dans la promotion au plus grand nombre de la musique, on est étonné du peu d’entrain de la mairie à tenter de concilier les deux projets.
Le Mo'fo, fertile terreau de la contestation
Pour saisir l’influence de Mains d’Œuvres, il suffit de scruter ces quelques chiffres : 25 emplois permanents, 250 résidents quotidiens, 25 000 visiteurs par an, une école de musique (déjà !) de plus de 200 élèves et le Mo’fo Festival, dont la 14e édition revêt plus que jamais une forme militante. Depuis 2001, ce festival créé par Herman Dune n’a cessé de proposer les formes musicales de l’ombre. Parmi les grands noms révélés ou passés au Mo’fo, citons les mythiques Zombies, The Gossip, Teenage Fanclub, Arnaud Rebotini, Cobra, Aquaserge, Zombie Zombie, Stereo Total ou encore Acid Mothers Temple. Quand on vous parle de défrichage, on ne vous ment vraiment pas.
L’union fait la force
On retrouve cet ADN dans la programmation de cette édition, avec de nouvelles associations d’artistes et de multiples créations originales, comme le mythique claviériste nigérien Mamman Sani, 68 ans, qui a choisi de s’allier à deux membres des Blondi’s Salvation pour monter le premier groupe de sa carrière. Le premier jour sera l’occasion de profiter de deux autres collabs, comme disent les couturiers. On retrouvera le premier concert de Matar Ex Mio, nouveau groupe pop-à-rythme de Guillaume Marietta (Marietta, The Feeling Of Love, A.H. Kraken) et Olivier Demeaux (ex-Cheveu, Heimat…), avant de se délecter du projet space folk progressif du trio composé d'Etienne Jaumet, Emmanuelle Parrenin et Eat Gas.
Outre ces premiers noms, plus d’une vingtaine de groupes se produiront dans des styles musicaux oscillant entre la musique électronique syrienne de Rizan Said, le punk/krautrock psychédélique de Noyades ou encore la douceur de la pop Francis Lung, Cliché ou de Lonely Band. Dernier conseil, filer droit devant le projet « oriental krautrock » de Tropical Horses x Teknomom, paraît-il que ça tabasse comme une patate de forain venant de se faire carjacker sa caravane. Et forcément, comme tout événement qui se respecte ces temps-ci, l’after du festival se déroulera à la Station avec des sets de Guido, La Mverte et Ovhal44.
À la vue de cette programmation, comment ne pas paraphraser Michel Sardou et dire que « ce n’est pas parce qu’on n’a pas de bail qu’on n’a pas de festival » ? Venir au Mo’fo, c’est s’assurer de prendre les plus belles claques musicales de ce début d’année et surtout de soutenir l’une des plus belles structures culturelles du pays.
Pour signer la pétition de soutien à Mains d’Oeuvres, c’est par ici.
Quoi ? 14e édition du Mo’fo Festival
Quand ? Du 17 au 21 janvier 2018
Où ? Mains d’Oeuvres, 1 rue Charles Garnier, 92400 Saint-Ouen
Combien ? De 11 à 45 € (Billeterie là)