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Ligne 13 presque jusqu’au bout, puis bus à trois chiffres. Nous voilà arrivés, en ce samedi 16 mars dans une ville du 93 pour la soirée de préouverture de Haven, le nouveau club lancé par RAW, le très estimable label/collectif franco-berlinois œuvrant dans la techno parisienne depuis 2015. Il est 19h, et on entend les kicks techno, feutrés comme des caresses de marteaux-pilons lorrains, déborder de ce qui ressemble à une véranda de brasserie de bord de nationale. D’ailleurs, sur la devanture, on peut lire “La Gondole. Restaurant. Repas d’affaires. Mariages. Location de salles”. Devant, on est intrigué. Dedans, c’est la stupéfaction.
Venir à Haven, c’est pénétrer dans une sorte de matriochka relatant 90 ans d’histoire de la banlieue rouge parisienne. RAW ouvre un club de 500 places – une jauge assez idéale – dans ce qui fut jusqu’en 2016 une pizzeria, qui avait elle-même installé son four dans une ancienne chapelle en briques rouges datant de 1930. Un héritage qui donne un cachet dingo au lieu : alléluia cette piste de danse en patchwork de carrelages de brasserie et d’église ; ce vestiaire dans les anciennes cuisines ; cette hauteur sous plafond de 10 mètres avec gaine de ventilation en lévitation entre les vitraux brutalistes (à travers lesquels on imagine déjà le soleil se lever cet été) ; ces écrans LED posés à la va-vite ; ce bar – à prix classiques – pinte à 8 €, gin-to à 10 €– à loupiotes et surtout cet aberrant papier peint alpestre en fond d’autel et de DJ booth !
Un lieu encore à poslisher
Bon, les orgas avaient prévenu, Haven est encore à l’état brut - et sans photo ni vidéo - donc amené à se polisher. Mais on dit déjà amen pour l’atmosphère générale et la haute qualité des DJ et leurs déclinaisons techno jamais téléphonées. En revanche, bémol sur le rendu sonore, capable du meilleur (le set mental de Illnurse) comme des pires bourdonnements de carlingue (sur le set de KUSS). La seconde chose à absolument améliorer : les toilettes, où l’on espère voir apparaître des portes et des lavabos.
Dernier point encore en suspens : ce club ecclésiastique ne propose qu’une unique pièce – pas démesurée – et il apparaît difficilement concevable, sur toute une nuit, de ne pas pouvoir s’isoler du son à un moment. Si on sait qu’un sous-sol a été utilisé lors de soirées de la décennie écoulée (avec DJ Weedim ou l’escouade de Boukan Records), celui-ci n’est pour l’instant pas accessible. On a très hâte de voir apparaître la version finale du lieu - la date n’est pas encore connue - mais une chose est sûre : Haven s’apprête à remettre l’église au centre du village électronique.
Quand ? Date à venir.