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Pour Halloween, le Grand Rex vous invite à mater 5 films d'épouvante cultes

Écrit par
La Rédaction
Shining
Shining
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Pour sûr qu'il y a un an, si on avait déroulé le scénario de l'année 2020 au plus trépané des scénaristes de film d'horreur, il aurait mis en doute sa crédibilité… Alors que le moindre JT ressemble à un nouvel épisode de Resident Evil, voilà que s'avancent les célébrations d'Halloween. Histoire de nous redonner le « sourire », le Grand Rex a décidé le 31 octobre de nous proposer une affiche jalonnée de classiques du cinéma de claquements de dents. Avec au choix : du Saw, du Shining, du Conjuring, de L'Exorciste ou encore du Massacre à la tronçonneuse. Un vrai buffet à volonté d’hémoglobine pour adoucir cette putain de fin d'année. Pour l'occasion, on a décidé de faire un énorme focus sur certains des films. 

Toute la programmation et la billetterie ici.

L'Exorciste (1973)

de William Friedkin, avec Ellen Burstyn, Linda Blair, Jason Miller et Max von Sydow

L'Exorciste
L'Exorciste (1973)

Si L’Exorciste est probablement l'un des meilleurs films d'horreur de l'histoire, ce n’est pas uniquement parce qu’il est le plus culte, doté de répliques inoubliables (« Ta mère suce des queues en enfer, Karras »). Nul besoin en effet de rappeler les scènes de l’exorcisme, l’araignée sur le dos, ou, bien sûr, celle du crucifix : elles font désormais partie de la mémoire collective, au-delà du cercle restreint des passionnés du genre. Ce n’est pas non plus parce qu’il est l'un des films d’épouvante les plus rentables – plus de 402 millions de recettes –, ni le plus primé – deux Oscars (meilleur son et meilleur scénario adapté), sans oublier six nominations.

Mais c’est avant tout parce que le film de William Friedkin est un bijou d'horreur cinématographique qui réconcilie les différentes branches du genre, alliant la beauté visuelle d’un Suspiria à la monstruosité très concrète de La Nuit des morts-vivants. Et quoi de plus terrifiant que la vue d’une enfant innocente ainsi pervertie, crachant des obscénités avec la conviction d’un taulard, se tordant dans tous les sens – y compris un 360° cervical des plus dérangeants –, tout en projetant des litres de vomi sur quiconque ose l’approcher ?

Privilégiant des acteurs inconnus (hormis Ellen Burstyn) à des célébrités, passant des souks d’Irak aux rues tranquilles de Washington, mêlant drames personnels et violence graphique, William Friedkin est parvenu à créer un film unique, à la fois brutal et artistique. S’il s’inscrit parfaitement dans la lignée de thrillers sataniques comme Rosemary’s Baby ou La Malédiction, L’Exorciste sent le soufre, la putréfaction, la pisse et le sang comme aucun autre.

Un film si moralement et religieusement incorrect que la jeune actrice Linda Blair reçut des menaces de mort et fut obligée de vivre sous protection policière pendant plusieurs mois. Le fait qu’aujourd’hui encore, il parvienne à provoquer la même stupeur viscérale qu’en 1973 atteste de la puissante vision esthétique de Friedkin. Et justifie assez clairement sa position au sommet des classements.

Shining (1980)

de Stanley Kubrick, avec Jack Nicholson, Shelley Duvall et Danny Lloyd

Shining
Shining

Shining, c'est l'histoire d'un pétage de plombs. Celui de Jack Torrance (un Jack Nicholson félin), quadragénaire écrivain à ses heures, qui vient d’accepter de remplacer pendant l’hiver le gardien de L’Overlook Hotel, labyrinthique palace isolé dans les montagnes du Colorado. Avec lui, sa femme, Wendy (Shelley Duvall) et leur jeune fils, Danny (Danny Lloyd). Peu à peu, le passé sanglant de l'hôtel paraît prendre possession de l'esprit de Jack ; bientôt, la neige coupe les voies de communication. Et quelques bons coups de hache dans la porte des chiottes plus tard…

Inutile de s'appesantir davantage sur le synopsis, tiré de l'ultra-fameux roman de Stephen King : ce Shining est avant tout une histoire d'atmosphère. Une énorme partie du livre se trouve d’ailleurs évacuée par le réalisateur, en particulier les passages, nombreux, ayant trait à l’histoire mafieuse de l'hôtel. Non. En fait, la grande force des adaptations d'œuvres littéraires par Stanley Kubrick (presque tous ses films en sont), c'est de savoir se saisir de quelques scènes, d'une poignée d'éléments clés du bouquin d’origine pour les amplifier, leur donner la puissance et la densité de symboles, de projections mentales, avec des moyens purement cinématographiques.

Maniaque de la symétrie et des jeux d’espace dans la composition des plans, il alterne ici entre une mise en scène froide, impérieuse (les lents travellings sur les salles de l’hôtel) et un dynamisme sinueux, agressif et véloce – lorsque sa caméra suit comme une proie l'enfant en tricycle dans les couloirs. Huis clos oppressant dans un environnement gigantesque, Shining slalome entre le surnaturel (option maison hantée) et le réalisme (ce type est juste fou), et en profite pour jouer à merveille sur la barbarie hilare de Jack Nicholson, qui trouve sans doute là l’un des personnages les plus jouissifs de sa carrière.

Massacre à la tronçonneuse (1974) 

de Tobe Hooper, avec Edwin Neal et Allen Danziger

Massacre à la tronçonneuse
Massacre à la tronçonneuse

Il y a les films d’horreur qui jouent sur le mystère, la subtilité, la tension psychologique. Et puis il y a Massacre à la Tronçonneuse. Le film de Tobe Hooper, réalisé avec un budget microscopique, et symbole du do-it-yourself du cinéma d’horreur, fait preuve d’un style tellement frontal qu’il fut très longtemps censuré dans plusieurs pays, notamment au Royaume-Uni, où il fallut attendre 1999 pour qu’il soit projeté sur grand écran. Comme son titre l'indique, Massacre à la tronçonneuse ne laisse aucune place à l’imagination, installant au contraire une terreur des plus pures, amplifiée par l’absence totale de musique - à l’exception de quelques menaçantes timbales.

Revenant d’un road trip au fin fond du Texas, cinq jeunes innocents – dont une blonde et son frère en fauteuil roulant – tombent en panne d’essence, et se retrouvent coincés dans un village de rednecks aux déficiences mentales et dentaires plutôt critiques. Mais leur plus grande menace est peut-être Leatherface, un immense boucher qui porte la peau de ses victimes en guise de masque. En accord avec le style radicalement direct du film, aucun mystère n’entoure l’identité de ce monstrueux tueur, qui nous apparaît complètement – et en plein soleil – dès son premier meurtre. Pourtant, s’il achève brutalement ses proies à coups de marteau ou de tronçonneuse, “Face de cuir” s’avère au final le plus sympathique des personnages, pleurnichant d’un air coupable après avoir découpé et congelé ses deux premières victimes.

Le plus effrayant n’est donc pas tant cet étrange serial killer que le reste de sa famille, bouseux vicieux et attardés qui fabriquent des lampes avec les têtes de leurs victimes (plutôt original, ceci dit). Ainsi, un peu à la manière d'un Elephant Man, Leatherface parviendrait presque à nous émouvoir, y compris à la fin du film, lors de sa danse macabre en plein milieu de la route, baigné par la lumière orangée du crépuscule. À la fois grotesque, lyrique et audacieux.

Conjuring : Les dossiers Warren (2013)

de James Wan, avec Vera Farmiga, Patrick Wilson et Sterling Jerins

Conjuring
Conjuring

Il faut reconnaître à James Wan un sens du rythme assez imparable, qui parvient, en dépit d’un thème complètement éculé – paranormal, maison hantée, Satan l’habite… – à faire de son Conjuring un film d’épouvante véritablement haletant. 

Loin des slashers aux montages épileptiques, la mise en scène de James Wan, déjà père de la franchise Saw (célèbre fer de lance du discutable genre du torture porn), témoigne même d’une maestria évidente : les cadres sont angoissants – notamment grâce à leur habile utilisation du hors-champ – et le rythme du montage prenant. 

Le réalisateur malaisien égrène ainsi avec une impressionnante précision ses références, Amityville et L’Exorciste en tête. Et cela suffit à faire de Conjuring l’un des meilleurs films d’horreur de la dernière décennie. Assez haut la main.

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