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« Il se souvient des années passées comme s’il regardait à travers une fenêtre poussiéreuse. Le passé est quelque chose qu’il peut voir, mais qu'il ne peut toucher. Et tout ce qu’il aperçoit est flou et indistinct. » C'est sur ces mots que le film In the Mood for Love, présenté en compétition au Festival de Cannes en 2000, se clôturait. Cette citation est tirée d'une nouvelle de l'écrivain Liu Yichang exemplifiant la technique du courant de conscience, Intersection, adaptée ici très librement par Wong Kar-wai, qui saisit le rapprochement hésitant de deux amants en devenir dont les chemins se croisent brièvement avant de se séparer de façon définitive.
Vingt ans plus tard ? Le chef-d’œuvre revient au cinéma dans sa version restaurée en 35 mm, et sera présenté en avant-première le 15 décembre (jour de réouverture des cinémas !) au Max Linder. L'histoire ? Elle se déroule en 1962. Voisins de palier dans un immeuble surpeuplé, M. Chow (Tony Leung) et Mme Chan (Maggie Cheung) vont progressivement se rendre compte que leurs conjoints ont une liaison secrète. Suite à cette découverte, ils passent de plus en plus de temps ensemble et jouent avec les émotions de l'autre en répétant des scènes imaginaires de rupture, alternant entre réconfort et masochisme et finissant par aller au bout de leur désir mutuel dans le cadre d'un jeu de rôle imitant leurs partenaires infidèles.
Baignant dans de somptueuses couleurs et sublimé par une bande originale hypnotique, le film est habilement façonné par William Chang et parfaitement photographié par Christopher Doyle et Mark Lee Ping-bin, deux des meilleurs directeurs de la photographie au monde. Sous la palette visuelle envoûtante se cache une histoire d'amour refoulée qui trouve son dénouement au beau milieu des ruines d'Angkor Wat – un détail sublime de la narration qui rend In the Mood for Love plus proche de la perfection que nul autre film hongkongais.
Certes, M. Chow et Mme Chan ont envie d'aimer, mais cela s'arrête quasiment là. Les seules choses qu'ils parviennent à partager sont des regards furtifs, des mots légers et la certitude réconfortante que l'histoire et le passé (s')oublient. Un pur chef-d’œuvre à (re)voir encore et encore…
Où ? Au Max Linder, 24 boulevard Poissonnière, 9e.
Quand ? Le 15 décembre, de 19h à 21h.
Combien ? A partir de 8 €. Billetterie ici.