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Inspirée du poster de campagne de Barack Obama qu'on connaît tous (le portrait de 2008, avec le mot "HOPE"), la Marianne exécutée par le street artist américain Shepard Fairey aka Obey, dans le 13e arrondissement de la capitale, demeurait jusqu'ici intacte – rare pour une œuvre de street art.
Elle est le fruit d'une réaction d'indignation : au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, l'artiste mondialement connu peint cette Marianne dépitée, sur fond de drapeau français tricolore, en reprenant la devise nationale : "Liberté, égalité, fraternité". Un an plus tard, en pleine COP21 (juin 2016), une seconde naît, de 15 mètres de haut, au coin de la rue Nationale et du boulevard Vincent Auriol. Emmanuel Macron se voit offrir une copie par Shepard Fairey, qu'il installe dans son bureau à l’Élysée.
Geste très fort, dans la nuit du 13 au 14 décembre 2020, cette Marianne a pourtant été modifiée par des graffeurs anonymes. La devise de la France a été barrée de peinture blanche, et des larmes rouges coulent désormais sous ses yeux.
C'est le très pointu média urbain Hiya ! qui est, indirectement, à l'origine de tout ça. Comme ils l'expliquent sur leur site : "Il y a quelques jours, nous avons relayé un appel à la création, comme une bouteille à la mer. Nous étions beaucoup à nous sentir désemparés, à voir les évènements s’enchaîner sous nos yeux impuissants. Les violences policières, la dérive autoritaire du pouvoir, la déliquescence des valeurs censées nous réunir : toutes ces crises s’enchaînent sans que nous puissions agir."
"Et puis", poursuivent-ils, "dimanche soir, nous arrive un message plutôt cryptique, transmis via une messagerie cryptée : « On a vu votre appel, on prépare un gros truc. Vous allez kiffer. Tenez-vous prêts, on vous tient au courant dans la nuit ». Une action spectaculaire semble se préparer quelque part, mais le flou est total. Jusqu’à un email, ce matin, aux alentours de 4h, vide de tout contenu à l’exception de 2 pièces-jointes : une photo et un texte."
De l'avis de la Rédaction de Hiya !, c'est "Un grand choc artistique et visuel, qui raconte avec élégance la violence de notre monde et l’urgence que nous ressentons tous." Un "manifeste, très intense, (...) nourri d’influences punk et situationnistes, marxisant et nihiliste sur les bords".
Beau joueur, Shepard Fairey, a répondu au même média Hiya ! en confirmant qu'il soutenait "tous ceux qui protestent contre l’injustice".