Les années 1990 sont synonymes de minimalisme. Que ce soit chez Jil Sander ou Calvin Klein, jeans, pulls en cachemire et petites robes noires foulent les podiums sans grande prise de risque. Un seul mot d’ordre : di-scré-tion. Une tendance ultra-rigide qui explose en 1997, promotion qui marque à la fois l'apogée de la décennie et l’entrée dans le nouveau millénaire. Les responsables de ce Fashion Big Bang ? Martin Margiela, Rei Kawabuko ou encore Jean-Paul Gaultier, dont les créations osées revivent vingt-cinq ans après dans les espaces d’expo du Palais Galliera.
A travers une cinquantaine de silhouettes et un ensemble de documents d’archives, qui vont de la mort de Gianni Versace à l’ouverture de la boutique Colette, l’expo revient sur une année mémorable dans une scéno élégante et épurée. String apparent chez Tom Ford, vêtements déconstruits chez Margiela, femmes-insectes chez Thierry Mugler… La mode se politise, les lignes changent, et l’objectif n’est plus simplement de vendre des vêtements mais de questionner les corps, la matière, et les notions de beauté. Le défilé prêt-à-porter de Comme des Garçons (dont est tirée l’affiche de l’expo) sonne comme l'apogée de cette année-révolution, et la créatrice Rei Kawakubo – qui divise profondément la critique avec les proportions hors normes de sa collection – fait entrer la mode dans une nouvelle ère : celle de l’expérimentation.
En 1997, même la haute couture prend des risques, et l’on voit des figures déjantées comme McQueen ou Galliano prendre la tête des maisons de luxe. Loin de n’être que chiffons et futilités, la mode est un véritable marqueur d’époque. Et une fois de plus, le Palais Galliera nous prouve qu’elle est aussi – et surtout – un art à part entière.