Sylvia von Harden est l’incarnation d’une nouvelle génération de femmes
Née à Hambourg en 1894 dans une famille bourgeoise bien catho, Sylvia von Harden a pour père un riche banquier et une mère issue d’une grande famille de marchands d’art, les Goudstikker. Heureusement, la jeune Sylvia peut compter sur sa tante Sophie, photographe féministe et lesbienne (autant dire l’excentrique de la famille) pour ouvrir ses horizons et l’intégrer aux cercles intellectuels allemands. Une première présence timide qui lui permettra de rencontrer le poète expressionniste Ferdinand Hardekopf en 1915, son amant jusqu’en 1921 avec lequel elle affirme son goût pour le verbe. Désormais installée à Zurich, elle rédige des articles littéraires pour différents journaux ainsi qu’un roman et deux volumes de poésie. La femme littéraire, intellectuelle et émancipée par excellence : la “Neue Frau”. Avec sa coupe garçonne et ses mots tranchants, Sylvia von Harden incarne une génération de femmes qui pensent et qui entreprennent, aussi élégantes qu’étranges. Alors, quand Otto Dix tombe sur cette créature divine au Romanische Café (haut lieu du monde littéraire et artistique du Berlin des années 1920), il sait qu’il a en face de lui la personnification d’un nouveau monde dont il doit être le premier à peindre le portrait.