Au nom de la mère ! En ce moment, le BAL se la joue psychanalyste en déployant sur ses deux niveaux 26 œuvres racontant les liens, aussi uniques qu’universels, que quelques stars de l’art contemporain entretiennent avec leurs mères. Sophie Calle, Christian Boltanski, Mona Hatoum ou encore Anri Sala explorent ce lien filial, motif largement exploité dans l’histoire de l’art.
Car ce que l’on dit de notre mère dit beaucoup de nous. Une porte vers l’intime qui met les auteurs à poil, un peu comme dans une thérapie à 70 € la séance. Au-delà du témoignage ou de la jolie photo de môman, les artistes creusent le médium photographique pour dévoiler la puissance de leurs sentiments, qu’ils soient fusionnels, chaotiques ou slalomant entre l’admiration et le manque.
On pense à la photographe franco-allemande Rebekka Deubner, autrice d’une mosaïque colorée à partir des habits que portait sa mère, décédée il y a peu ; ou au travail touchant de l’artiste afro-américaine LaToya Ruby Frazier, socle d’une nouvelle rencontre avec sa mère minée par la drogue dans les années 1980. A l’origine documentaire, le projet s’est mué en une véritable et complice collaboration.
L’exercice permet aussi de questionner sa propre identité à travers la figure maternelle, telle la série de Michel Journiac autour des théories freudiennes sur le rapport à la mère des homosexuels. Une quête de soi aussi explorée par la Sud-Africaine Lebohang Kganye qui se met en scène comme le double de sa mère grâce à un procédé de photomontage minutieux, faisant fusionner leurs souvenirs et leurs visages dans une sorte d’identification imaginaire.
Alors oui, le BAL ne prend aucun risque en exposant un tel tapis rouge de photographes internationaux autour d’un sujet universel. Mais ça fonctionne et on se prend d’affection pour ces histoires de familles, ces visages ridés que l’on ne connaît pas, et on se surprend à penser à nos propres parents.