Salvador Dalí et Alberto Giacometti, c’est un peu comme vous et Camille en 6e B : un jour BFF, le lendemain pires ennemis. Jusque dans les années 1930, les deux artistes étaient copains comme cochons – avant que des divergences artistiques et (surtout) politiques ne les éloignent. C’est à ce moment qu’ils ont imaginé un jardin d’Eden 2.0 pour la villa d’Hyères des mécènes Marie-Laure et Charles de Noailles (aka la Villa Noailles aujourd’hui). Une œuvre qui n’a jamais vu le jour mais que l’Institut Giacometti tente de faire (re)vivre le temps d’une expo.
Pendant six mois, entre 1931 et 1932, les deux surréalistes ont échangé de façon passionnée autour d’un espace vert imaginaire, tourné autour du rêve et agrémenté de sculptures XXL. Le tout avec un soupçon d’allusions interdites aux moins de 18 ans. Le projet ayant tourné court, il ne faut pas s’attendre à une expo blockbuster très dense. Mais grâce à un travail de recherche abouti et à des prêts exceptionnels (notamment la célèbre Vache spectrale de Dalí (1928) filée par le Centre Pompidou), l’Institut Giacometti réussit à nous embarquer dans les délires des deux artistes et à organiser plus clairement leurs pensées fantasques.
Lettres, dessins et maquettes agissent ici comme des indices essentiels à l’enquête minutieuse menée par les commissaires, dont la pièce maîtresse est sans nul doute la reconstitution du Projet pour une place de Giacometti, partiellement présenté à l'entrée, dans l'atelier. Un vrai jardin des délices !