Abdallah Benanteur, icône de la peinture algérienne, résumait avec poésie ce que bon nombre d’immigrés ressentent : “L’Algérie est en moi, seuls mes pieds l’ont quittée.” A l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, l’IMA nous propose de découvrir trois générations d’artistes algériens, ou issus des diasporas, à travers une mini-expo d’uniquement 36 œuvres. Mais attention, si Algérie mon amour est un petit événement par sa taille, il est bien immense par sa qualité.
Fini l’orientalisme et la mise en scène d’une Algérie artisanale. A l’IMA, ce sont 18 artistes contemporains qui se succèdent, nous montrant un attachement unique à leur terre et retraçant, à travers une multitude de supports, l’histoire d’un peuple en quête de liberté et de reconnaissance. C’est un puissant cri du cœur, une vraie déclaration à l’identité algérienne, la version arty d’un “One two three, viva l’Algérie” que l’on découvre avec plaisir.
On se balade dans une scéno apaisante et intuitive mettant en valeur un corpus varié composé de travaux allant des années 50 à nos jours. On s’arrête, bouche bée, devant La Mer des tyrannies de Kamel Yahiaoui, une magnifique matérialisation de la Méditerranée, ce point d’eau situé entre rêve et douleur. Mais nos yeux brillent aussi devant les portraits colorés de Baya, les émouvantes photographies d’Halida Boughriet, la créativité de Zoulikha Bouabdellah ou encore les peintures empreintes de surréalisme d’Anissa Bouayed.
Petit point négatif (qui n’en est pas vraiment un, on vous l’accorde) : si la qualité des œuvres est indéniable, le corpus reste un peu maigre et on sort de l’expo un poil frustré. Ben oui, on en voulait plus, nous ! L’événement reste cependant une belle mise en lumière de la scène contemporaine algérienne qu’on vous conseille vivement de découvrir.