Femme, peintre figurative dans les 70’s, communiste dans les Etats-Unis de Nixon : pas de doute, Alice Neel est une outsider, tout comme les gens qu’elle peint. La célébrité et les galeries branchées, Alice s’en fout : ce qui l’intéresse, c’est de représenter son Amérique à elle, une Amérique de gauche, engagée, où toutes les sexualités et origines se mélangent.
A la manière d’un Balzac en jupe, Alice Neel dresse le portrait de sa Comédie humaine, collectionnant les âmes égarées, peu regardées par les élites. Elle le disait elle-même : “En politique comme dans la vie, j’ai toujours aimé les perdants, les outsiders. Cette odeur de succès, je ne l’aimais pas.” Peut-être est-ce pour ça que le Centre Pompidou ne lui offre “que” sa galerie 3, une salle aux dimensions modestes qui héberge pourtant un maxi-corpus où se succèdent les visages d’immigrés, de prostituées ou de communistes engagés.
L’expo débute avec deux œuvres… qui ne sont pas d’elle : un immense portrait de Robert Mapplethorpe, grand fan de Neel, et un projet de Jenny Holzer, réalisé à partir d’un dossier du FBI. Se dévoile ensuite un ensemble de 75 portraits au traitement tellement moderne qu’il pourrait avoir été réalisé aujourd’hui. Celle qui a trop longtemps été “juste” la femme de Carlos Enríquez nous offre ici sa vision du monde, elle aussi résolument contemporaine. Brillant.