Pour qui ? Ceux qui veulent découvrir le plus célèbre artiste tchèque.
Voir quoi ? Quelques-unes de ses créations mystiques, où il se libère enfin de toutes les limitations.
On doit vous avouer qu’on se rendait à cette exposition un peu à reculons. Alphonse Mucha a toujours représenté pour nous une époque un peu démodée, du style bohême tendance Art nouveau qui n’excite plus tellement nos cœurs.
La majeure partie de son travail reste assez surestimée. On aime ces gammes de pastel qui rappellent avec brillance les univers de fantaisie, mais ses œuvres ne racontent pas grand- chose de plus. Elles peinent souvent à faire monde et à ouvrir des perspectives. En tête, ses héroïnes aux gros traits de contour, qui sont comme des périmètres à ne pas dépasser.
L’artiste tchèque n’en déborde pas souvent et c’est en cela qu’il ennuie. Il est d’abord illustrateur et semble constamment restreint par ses obligations publicitaires. Et bien qu’on perçoive la beauté de ses divines, il y manque toujours la liberté qui caractérise les chefs-d'œuvre.
On appréciera quand même la présence dans le parcours des croquis et dessins préparatoires. Surtout, arrivent alors les miracles : ces créations mystiques où il se libère enfin de toutes les limitations. Fabuleux fusains sur papier ocre qui montrent avec intensité le plus noir des légendes bosniaques ; œuvres de pastel sur papier qui ouvrent l’étendue de toutes ses croyances. Ou lorsque ses nymphes délicates deviennent d’éminentes saintes.