Elle a trop longtemps été connue comme la femme d’Hans Hartung ou pour sa Fondation à Antibes, dont le nom est accolé à celui de son amant d’antan. Alléluia : on peut compter sur le temps pour faire sortir les épouses de l’ombre, preuve en est avec cette maousse rétrospective dédiée à Anna-Eva Bergman au musée d’Art moderne, qui expose plus de 300 œuvres de l’artiste sur ses cimaises, dont certaines n’ont jamais été montrées au public. Ce projet ambitieux réalisé main dans la main avec la Fondation Hartung-Bergman et le Nasjonalmuseet d’Oslo met un coup de projo sur les qualités matérielles du travail de Bergman et le génie qui s’exprime dans des grands formats incroyables.
Passionnée par le nombre d’or, Bergman utilise les maths pour produire des toiles abstraites – qui rappellent un peu celles de Kandinsky – et imagine des paysages célébrant la nature d’une façon inédite. Les montagnes de Norvège et la mer Méditerranée, que la peintre connaît bien, l’inspirent et prennent forme sous son pinceau dans des compositions tout sauf figuratives : il suffit d’une ligne, d’une forme, d’un élément pour nous faire voyager dans toute l’Europe. Une grande place est également accordée à la couleur et notamment au métal, que la créatrice utilise dans sa peinture dès les années 1940. Feuilles d’or, d'aluminium ou de cuivre viennent illuminer ses compositions, jouant aussi bien avec la matière qu’avec les éclairages.
Une profondeur supplémentaire qui contraste avec la scénographie du MAM, tout en épure. Malin.