Il n’y a qu’à voir les audiences du dernier Gladiator de Ridley Scott pour faire taire les mauvaises langues : non, le péplum n’est pas mort. Délaissé depuis quelques années, considéré comme ringard voire maudit par certains réalisateurs, le genre empruntant à l’histoire antique est né en même temps que le cinéma lui-même. Et méritait bien sa petite expo.
C’est chose faite grâce à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé qui débute l’année avec des beaux mecs en jupe et des complots politiques (pas si) subtils. Ce sont d’ailleurs ces intrigues qui intéressent les premiers réalisateurs, notamment italiens, qui, en pleine montée du nationalisme, profitent des légendes romaines d’antan pour dépeindre la gloire passée du pays. Qu’on ne s’y trompe pas : le péplum est avant tout un outil politique ! Dans les années 1920, les Américains utilisent le genre pour mieux transmettre la morale biblique au grand public, puis, dans les années 1950, Hollywood détourne le péplum pour mettre en scène des culturistes ultra-sexy, assouplissant peu à peu la censure.
Le parcours chronologique s’arrête ensuite sur le déclin du genre à partir des années 1960. Le péplum n’est plus qu’un prétexte pour faire des films érotiques ou potaches. Heureusement, le début des années 2000 signe le grand retour des longs-métrages inspirés par l’Antiquité : Gladiator (2000), Troie (2004), Alexandre (2004)… Le péplum prend des allures de blockbuster ultra-américain, comme un Marvel de cape et d’épée où le héros défend avec honneur (et un sourire éclatant) sa patrie.
Associant dessins préparatoires, costumes d’Elizabeth Taylor (Cléopâtre, 1963) ou de Vincent Cassel (Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, 2023), photographies d’archives et décors de cinéma XXL, à l’image du fameux char de Ben-Hur qui trône en majesté devant une immense affiche du film de 1959, cette petite expo didactique sans prétention est une réussite qui ravira sans aucun doute tous les fans de cinéma.