Appartement est situé entre Belleville et Goncourt, dans le 10e arrondissement. Il se trouve dans une ancienne usine faite de métal et de briques, dans le style industriel de Gustave Eiffel. Sur sa façade est d’ailleurs inscrit « Association d'ouvriers lithographes fondée en 1866 ». « Nous avons acheté cet immeuble dans les années 1990 », explique Nathalie Miltat, la fondatrice et directrice, issue par sa grand-mère de la famille royale d’Abomey. Cette passionnée d'art contemporain, qui a grandi au Cameroun puis étudié à Paris entre l'Ecole du Louvre et la Sorbonne, a fait d’Appartement son lieu de vie, de travail. Et désormais un espace d'exposition depuis qu’un important constat s’est imposé à elle : la création artistique contemporaine africaine manque de visibilité. Enthousiaste et inspirée, elle a donc lancé, en 2014, ce projet d'Appartement, après avoir initié en 2005 la galerie Noire.
Situé au troisième étage, Appartement est constitué d’une pièce de 80 m2 dévolue à des expositions d'une durée de quinze jours imaginées par un commissaire d'exposition, en l'occurrence Timothé Chaillou. De grandes verrières métalliques baignent de lumière cet espace, une grande table et des fauteuils invitent à la discussion et un grand piano à queue surmonté d'un vase à fleurs donne l'impression d'être reçu chez un ami.
Mais pourquoi avoir choisi ce lieu et ce concept ? « J’aime voir des expositions dans les lieux qui ne leur sont pas dédiés, être surprise et imaginer comment vont s’articuler les œuvres, l’espace et le corps du visiteur qui s’y déplace », répond Nathalie Miltat.
Pour la troisième séquence de cette seconde saison artistique, inaugurée en octobre 2015 par Kaye Donachie et Guy Yanai, c’est un nouveau duo qui se voit convié dans L’Appartement. Ainsi, du 18 mars au 2 avril, l’Américain Leon Benn et le Malien Alaye Kene Atô font pièce commune. Amorçant de cette façon une rencontre inédite et percutante entre deux mondes oniriques et mythiques, peuplés de créatures animales et anthropomorphiques, principalement issus de la mythologie dogon.
Le premier, né à Philadelphie en 1981, présente cinq œuvres produites exclusivement pour l’exposition, inspirées d’une nouvelle de John Cheever intitulée ‘Le Nageur’. Le second, originaire du Mali, puise, lui, dans les génies et autres personnages mi-hommes mi-animaux de sa culture. Il dessine des traits et des lignes qui parcourent l’espace de la feuille tandis que celle de Leon Benn est saturée sur toute sa surface. Visuellement opposés, leurs travaux racontent cependant la même histoire millénaire de l’humanité.
Une exposition insolite à découvrir du mardi au samedi de 15h à 19h et sur rendez-vous. Vernissage prévu le 17 mars !