Marcel Duchamp avait dit qu'elle succomberait sous le poids de la photographie. Que le progrès technique la rendrait obsolète. Mais elle est toujours là, bel et bien vive. Et même en excellente forme. Cet été, la peinture s'invite dans les musées et galeries de Paris, comme pour prouver à quel point elle a su se réinventer ces dernières années. Quitte à vendre son âme aux démons du pastiche et de la désillusion. Détournements, iconoclasme, anti-peinture, anti-créativité... Pendant que Gerhard Richter copie des photos à Beaubourg, Guillaume Bresson couvre les décors du Titien de rayures Adidas et de violence urbaine à la galerie Nathalie Obadia. Ulrich Lamsfuss, lui, réfléchit à une époque « post-picturale » pour résister à la banalisation des images, alors que Vik Muniz, au lieu de s'enquiquiner à peindre, revisite les toiles de Manet ou Van Gogh à partir de puzzles ou de crème dessert au chocolat. Bref, chacun la conçoit à sa manière, mais tous les artistes contemporains réunis ici semblent vouloir redonner un sens à la peinture, coûte que coûte, soit en usurpant son héritage historique, soit en l'autopsiant comme on autopsierait un improbable revenant de l'histoire de l'art, soit en laissant libre cours à leur imagination. Richter (Gerhard), Richter (Daniel), Mocquet, Bresson, Muniz, Lamsfuss... Six artistes, six regards différents sur ce que signifie l'art de peindre aujourd'hui. Panorama.