Contre toute attente, l’art esquimau ne se cantonne pas à la banquise arctique ou aux vitrines du musée du Quai Branly-Jacques Chirac. Depuis 1990, il vit discrètement dans une petite artère du Marais, au numéro 9 de la rue Saint-Merri. Unique en France, cette minuscule galerie aux murs blancs, qui fait doucement penser à un igloo de sérénité, expose et vend de véritables objets d’art inuit.
Importés du Grand Nord par la directrice des lieux, Maryse Saraux – qui effectue le voyage au Canada et au Nunavut quatre fois par an –, ces trésors venus du froid ne datent cependant pas de la période préhistorique de Dorset mais plutôt de l’époque contemporaine (des années 1950-1960 à nos jours). Pourtant, l’inspiration traditionnelle est toujours là et les représentations totémiques perdurent à travers les siècles comme les styles des différents artistes, de Taloyoak à Arviat en passant par ceux de Holman.
Grâce à des pièces inédites d’animaux polaires, taillées dans le basalte, l’os de baleine, la corne de bœuf musqué, le bois de caribou ou le marbre – notamment un ours blanc dont les courbes sobres rappellent les sculptures de François Pompon –, ainsi que des boucles d’oreilles en albâtre et des estampes originales, on fait un bond dans le passé à la découverte de cette culture injustement méconnue, forgée d’énergies naturelles. Et qui, malgré les âges, a su conserver son allure ancestrale et sa dimension chamanique. Est-ce d’ailleurs par un subtil envoûtement émanant d’une des figures en pierre que l’on ne parvient plus à quitter cette galerie atypique ? Mystère…