Si la tendance Y2K (à lire “waïtoukay”) cartonne sur les podiums, les musées, eux, restent bloqués dans les années 80. Après l’expo du MAD consacrée à la décennie la plus funky de l’Histoire, c’est au tour de la Fondation Azzedine Alaïa de célébrer une collaboration qui a marqué les 80’s : celle du couturier franco-tunisien Azzedine Alaïa avec le photographe de mode américain Arthur Elgort.
C’est l’histoire de deux artistes contrariés. L’un rêve de devenir sculpteur, l’autre se voit bien peintre. Heureusement pour nous, c’est dans la mode et la photo qu’ils finiront par percer. Alors qu’ils sont chacun en pleine ascension (Mugler lui-même tanne Alaïa pour qu’il devienne styliste à la fin des années 70, Arthur Elgort bosse pour Vogue), ils se rencontrent. Avec leur goût commun pour l’épure, c’est une évidence : ces deux-là sont faits pour s’entendre.
L’expo retranscrit parfaitement l’esthétique de cette collaboration. Et il faut bien dire que quand on arrive sous la nef du 18 rue de la Verrerie, ça claque. L’architecture de l’ancienne demeure et atelier du couturier, déjà incroyable, est sublimée par le travail des commissaires d'exposition Carla Sozzani et Olivier Saillard. Dans un élégant jeu de cache-cache, les joyeuses photographies d’Elgort sont mises en face des vêtements imaginés par Alaïa. Au fil des clichés et des fringues, c’est la liberté de la femme qui saute aux yeux ! Moins contraintes, moins statiques, les supermodels des années 1980 et 1990 font vivre cette rencontre avec légèreté, le sourire aux lèvres, bien loin de la moue boudeuse de rigueur habituellement. Une petite expo qui fait du bien.