Paris est en pleine Basquiat-mania, avec deux expos dédiées au peintre new-yorkais. Mais attention, pas question de laisser la titanesque Fondation Vuitton faire de l’ombre à cette expo Basquiat Soundtracks qui condense ce que la Philha’ sait faire de mieux : mettre la musique et les arts plastiques sur le même plan, le tout dans une scéno jamais ronflante.
Passionné de jazz, Basquiat se plaît à placer la figure noire de Charlie Parker au centre de ses toiles (comme dans King Zulu de 1986), provoquant la très WASP histoire de l’art. Squattant les clubs branchés de New York, il flirte avec Madonna, vend des toiles à Debbie Harry et assiste à la naissance du hip-hop, jouant même le rôle de Grandmaster Flash dans le clip de “Rapture” de Blondie (1980). Clarinettiste autodidacte, il enfile également la casquette de musicien pour le groupe expérimental Gray, quand il n’est pas derrière les platines du CBGB.
Alors que, dans l’Ouest parisien, Basquiat est parfois éclipsé par son pote Warhol, dans l’East Side, c’est à lui seul qu’on s’intéresse à travers un parcours thématique réunissant une centaine d'œuvres, qu’il s’agisse de toiles grand format ou de pochettes de vinyles. Les photos d’archives s'enchaînent au son d’une musique de club épileptique et les toiles s’admirent entre deux lives de jazzmen. C’est là toute l'ambivalence de Basquiat, un éclectisme superbement retranscrit par les commissaires de l’expo qui signent une expo dynamique et parfaitement documentée où cohabitent chefs-d’œuvre et pièces rares. Loin de celles qui se visitent dans un silence presque religieux, l’exposition du Musée de la Musique est délicieusement bruyante, comme le Downtown new-yorkais.