Pour qui ? Les amateurs d’impressionnisme fatigués des Nymphéas
Voir quoi ? Une peinture aussi affirmée qu’émotive
Souvent moins valorisée que ses contemporains Renoir ou Monet, Berthe Morisot (1841-1895) est aujourd’hui mise à l’honneur au musée d’Orsay jusqu’au 22 septembre. L’occasion de découvrir une artiste à la modernité précoce et au girl power assumé.
Préférant le chevalet aux fourneaux, Berthe Morisot a peint des scènes familiales et bourgeoises à l’avant-gardisme bien caché. Car si ses œuvres sont légères d’apparence, elles affirment le désir d’émancipation de Madame Morisot, épouse d’Eugène Manet, peintre lui aussi mais surtout frère d’un certain Edouard. Plus habituées aux rôles de modèle que d’artiste, rares sont les femmes qui peignent des moments de complicité entre un père et ses filles, à défaut de pouvoir présenter des scènes de bistrot, les comptoirs leur étant alors interdits.
Reine de l’inachevée, Berthe Morisot maîtrise une peinture intuitive et entretient le flou sur les émotions de ses protagonistes. Un sens de la psychologie qui, s’il n’a pas trop séduit les collectionneurs français – peut-être encore un peu trop tournés vers ses confrères masculins ? –, a su charmer les Américains, grands fans des impressionnistes. Et c’est notamment grâce à de nombreux prêts venus d’ailleurs que l’expo, déjà présentée outre-Atlantique, permet à cette George Sand de la peinture de retrouver une place de choix dans le paysage pictural français. Petit bémol cependant pour les choix scénographiques, un peu trop classiques, qui ne rendent pas hommage au caractère bien trempé et à la modernité de Berthe Morisot.