Leur truc en plume ? Il est bien plus politique que celui de Régine. Stars de la nouvelle expo du musée du Quai Branly, les Black Indians se révèlent aux yeux du grand public à travers un formidable parcours retraçant l’histoire des Afro-Américains en Louisiane, leur place dans la société et dans la célèbre parade de Mardi Gras. La déambulation commence par un “petit” cours d’histoire (qui occupe finalement la quasi-moitié de l’expo) sur la Louisiane avant la colonisation et les autochtones amérindiens, puis sur l’esclavage et la traite négrière. Si ce ne sont QUE le strass et les paillettes qui vous attirent dans l’expo, un conseil : passez votre chemin. Car si les costumes et les danses occupent une large place dans les différentes salles, ils illustrent des récits d’une extrême violence.
Si on a souvent reproché au musée du Quai Branly de ne pas laisser parler les principaux intéressés dans ses expos, ce n’est pas le cas cette fois-ci : le commissariat signé Steve Bourget et Kim Vaz-Deville implique le chef des Skull and Bones, l’un des groupes majeurs du carnaval, qui balaye d’un revers de main les dangers d’exotisation du sujet. Les costumes (tous incroyables) ponctuent le parcours, et laissent leurs broderies nous parler. Inspirées des Amérindiens, symboles de résistance à l’oppresseur blanc, ces tenues traditionnelles sont ornées de représentations, parfois brutales. On peut par exemple y voir des scènes de lynchage – que l’on découvre au rythme de la puissante chanson “Strange Fruit” de Billie Holiday – ou des messages politiques fièrement affichés.
Plus on progresse dans le musée, plus les costumes se font nombreux, jusqu’à un final explosif. Entre célébration et revendication, on ressort de cette expo galvanisé, avec une envie folle de “fight the power” à la Public Enemy, tout de boas vêtu !