Critique

Chagall, entre guerre et paix

4 sur 5 étoiles
  • Art, Peinture
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Time Out dit

Il était russe, de confession juive, et français d'adoption dès l'entre-deux-guerres. Au fil de ses pérégrinations, Marc Chagall a été marqué dans sa chair par la Révolution de 1917, par l'Occupation et par l'antisémitisme nazi qui le force à s'exiler à New York en 1941 – lui dont certains tableaux avaient été exposés à Munich avec d'autres représentants de « l'art dégénéré ». Et sa peinture s'en ressent, forcément. Elle se teinte par exemple d'un gris cendré d'où jaillissent des flammes rougeoyantes pendant la guerre, mettant en scène un maelström de persécutions, d'exodes et de destructions ('L'Exode'). Le motif de la crucifixion, symbole de la souffrance humaine, contamine ses toiles, jusqu'à culminer dans le triptyque 'Résistance, Libération, Résurrection', déjà admiré il y a quelques semaines dans l'exposition 'L'Art en guerre' et toujours aussi éblouissant. Après la Seconde Guerre mondiale par contre, sa peinture mue, et tend vers une sérénité lumineuse, chatoyante, hymne à la vie qui culmine avec l'étourdissant 'La Danse'.

Pourtant il ne faudrait pas réduire Chagall à un artiste qui signerait des compositions apaisées en temps de paix et torturées en temps de guerre. L'exposition ne va heureusement pas (longtemps) dans ce sens et semble, dans le fond, avoir choisi cet intitulé tolstoïen comme un prétexte pour construire une sorte de mini rétrospective. Plus que la « guerre » ou la « paix », c'est bien le mouvement de balancier du titre, cet « entre », qui cristallise l'œuvre de Chagall. Une peinture traversée par des dichotomies profondes, et partagée entre l'universalisme des avant-gardes parisiennes et la résurgence de thèmes judaïques traditionnels ; entre une esthétique bariolée faussement naïve et des images récurrentes douloureuses. Ici réel et magique se juxtaposent, s'enchevêtrent dans un univers condensé, typique du rêve, peuplé de personnages mi-hommes mi-animaux. Plus que les horreurs du XXe siècle, ce sont aussi les tragédies de sa vie qui modèlent son art, comme la mort soudaine de sa femme Bella en 1944, qui sabre sa joie de voir Paris libérée. Le tableau 'Au-dessus de Vitebsk' est sans doute l'un de ceux qui résument le mieux l'univers de Chagall, où tout n'est qu'oscillation, louvoiement et hybridation. Et le peintre de s'apparenter à ce juif errant, flottant entre ciel et terre.

> Horaires : tous les jours de 10h à 19h30, nocturne le vendredi et le lundi (hors jours fériés et vacances scolaires) jusqu’à 22h

• Pour aller plus loin :

> Dossier • 13 expos pour 2013

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De 7,50 à 11 €
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