Critique

Chercher le garçon

4 sur 5 étoiles
Au MAC/VAL, une centaine d'artistes interrogent la place de l'homme dans l'art et la société d'aujourd'hui.
  • Art, Art vidéo
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Time Out dit

Ah, le voilà. Lui, là, le garçon, cet être complexe et fragile, caché derrière les corps de femmes qui sur-peuplent l’art depuis des siècles, derrière les discours féministes qui font du bruit et sentent les balconnets cramés, derrière les mecs à gros biceps qui réparent des amortisseurs, derrière les pères de famille irréprochables, les chefs d’entreprise, les politiciens, les cages aux folles, les mâles dominants. Bref, derrière « l’homme » et toutes les attentes sociales qui pèsent sur la gent masculine, imprimées, qu’on le veuille ou non, comme un tatouage indélébile dans l’inconscient collectif.

Pour ses dix ans, le MAC/VAL sort l’artillerie lourde pour s’insurger contre ces visions réductrices et le soi-disant « affaiblissement » de l’homme en ce début de XXIe siècle, en s’aventurant sur des territoires méconnus où cohabitent la figure du mâle et l’art contemporain. Epaulée par une centaine d’artistes masculins et une horde de personnages de type « XY », « XXY », voire « XXXY?? »  hommes, androgynes, travelos, trans, humanoïdes… , l’exposition bouillonne, frémit, crépite dans tous les sens, au fil d’un parcours dense en installations, vidéos, photos, peintures et sculptures récalcitrantes.

Vitraux à flingues, kits de boxe (Philippe Perrin), trophées de mégots (David Ancelin), bagnoles cassées (Dorian Jude), uniformes prêts à l’emploi (Alain Declercq)… Dans cette fourmilière d’œuvres finement sélectionnées, il s’agit avant tout de détourner les codes qui filent droit : ceux des identités sexuelles préchauffées, de l’histoire de l’art, de la société de consommation, du mariage, du code civil même (Carlos Amorales). Ici, l’homme reprend ses droits sur sa nudité dans un défilé de phallus-néons (Bruce Nauman), de phallus-pommeau-de-douche (MADEleINe ERIC), de phallus à l’envers (Patrick Raynaud), de phallus mous qui courent (Tomislav Gotovac), de phallus durs qui glandent (Leigh Ledare), de phallus « qui essaient d’être Balzac » (Emilio Lopez-Renchero). Ailleurs, s’entrechoquent les séances d’épilation à main nue (Vito Acconci), les pauses d’icônes masculines imitées (Carlos Pazos), les portraits de stars féminines réappropriées (Douglas Gordon), les fils et leurs mères (Michel Journiac, Denis Dailleux), les hommes et leurs femmes (Jean-Charles Massera), les kamikazes et leurs larmes (Meiro Koizumi), les garçons et leur désir d’être filles (Bruno Pélassy, Pierre Molinier, Robert Mapplethorpe). De quoi composer, sur un air de ‘Taxi Girl’, un portrait éclaté de l’homme du XXIe siècle : un sexe bourré de paradoxes. Et ô combien fort, mais pas forcément au niveau des abdos.


Du mardi au vendredi de 10h à 18h ; samedi, dimanche et jours fériés de midi à 19h.

Infos

Site Web de l'événement
www.macval.fr/francais/
Adresse
Prix
De 2,50 à 5 €
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