Pour qui ? Les intellos rigolos
Voir quoi ? Des installations puissantes
Rares sont les artistes qui peuvent se payer le luxe d’organiser eux-mêmes leur rétrospective au Centre Pompidou. Et trente-cinq ans après sa première expo dédiée à Beaubourg, c’est Christian Boltanski himself qui invite les amateurs d’art contemporain à (re)découvrir son travail à travers 50 œuvres sélectionnées par le plasticien parisien de 75 ans. Sous le commissariat de Bernard Blistène – oui, oui, le directeur de Pompidou –, le plus gros centre d’art contemporain de la capitale met les petits plats dans les grands pour clôturer la décennie.
Plus qu’une rétrospective, c’est une anthologie d’œuvres iconiques de Boltanski qui s’offre à nous. Le musée met en place un labyrinthe aussi complexe que l’artiste, retraçant le parcours d’un mec indissociable de la création contemporaine française. Et on ne va pas se mentir, c’est le bordel. Mais si le mieux est souvent l’ennemi du bien, le parcours quasi chaotique de l’ensemble ne cesse de nous surprendre, même si l’espace a parfois des allures d’un couloir de métro à Châtelet.
Si les premières œuvres nous présentent un Boltanski plein d’humour, dès les années 80, les tensions géopolitiques mondiales jettent un froid sur son travail. Récurrente, la question du souvenir se décline dans de nombreuses œuvres, comme la série Animitas Chili, évoquant la présence des morts dans notre quotidien ; l’installation Cœur, en écho au musée Archives du cœur, qui conserve des milliers de battements de cœur sur l’île japonaise de Teshima, aujourd’hui source de pèlerinage ; ou la célèbre Vie impossible de C.B., unique œuvre autobiographique des plus sentimentale. On s’émeut, on se questionne, on s’identifie, et on ressort de cette expo stimulé comme jamais.