Critique

David Hockney

5 sur 5 étoiles
Après avoir fêté ses 80 ans à la Tate Britain et avant de les célébrer à la Met Breuer de New York, l’artiste anglais soufflera ses bougies au Centre Pompidou.
  • Art, Art contemporain
  • Recommandé
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Time Out dit

Artiste britannique majeur, David Hockney est connu pour ses styles multiples, ses couleurs explosives et ses grandes toiles de piscine. La rétrospective présentée par le musée Georges Pompidou l’année de ses 80 ans donne un excellent aperçu de sa longue carrière.

Un grand plouf

Comment peindre une piscine ? Une belle piscine de Californie toute gonflée des reflets mouvants de l’été. Il y a trois techniques, nous enseigne Hockney. Imprégner la toile d’une peinture bleue à l’acrylique, et tracer à l’eau des courbes évanescentes. Ou dessiner des arcs blancs sur une surface turquoise pour imiter les crépitements du soleil – qu’importe si ces lignes évoquent parfois des balises d’autoroute. Ou encore produire un grand aplat au rouleau, bleu, carré, nickel, et simuler un des éclats à sa surface comme la trace d’un plongeur que l’on ne peut plus voir.

Quid de l’atmosphère ? Elle emprunte à Hopper dans quelques toiles pleines de lumière dorée. Un Hopper qui aurait pris un virage pop, stylisant les figures plutôt que de chercher le détail. Elle évoque aussi Lynch dans ‘A Bigger Splash’ en montrant une maison si carrée, et une terrasse si vide, qu’une terrible blonde de rêve ne saurait manquer d’y vivre.

Démonstrations de versatilité

Trois techniques pour une piscine, et bien d’autres tout au long du parcours. Réalisme impeccable durant ses plus jeunes années : la peinture d’un bras de fleuve, vert et gris sous un ciel bas, témoigne de l’immense talent d’observation d’un artiste qui n’a pas 20 ans. Puis vient l’expressionnisme et le choix de toiles à moitié vide, mâtinées d’une évocation sans complexe de thèmes homosexuels. Admirons la toile aux deux monstres enchaînés portant des tubes de Colgate bien placés. Puis encore les révérences au style égyptien, au surréalisme, ainsi qu’à la fresque murale stylisée - peut-être découverte en Californie - avec un soin constant à l’équilibre des compositions. Plus tard, la photo, la vidéo, et même les œuvres sur iPad.

Henri et David

Il faut aussi se munir de lunettes de soleil car, sur la fin du parcours, les couleurs deviennent aveuglantes. Hockney peint des paysages : la côte californienne, les collines anglaises, les patios de l'ouest américain. On est presque dans l’illustration, tant le trait est net. On est aussi dans l’explosion de la palette, du vert émeraude au jaune poussin sans détour, voisinant avec un rose fluo qui frappe fort la rétine. On dit que David Hockney s’inspire beaucoup de Matisse. En fin de carrière, l’artiste français s’était en effet complètement adonné à la couleur, traçant des oiseaux unis, bouquet chatoyant contre une toile blanche. De la même manière, Hockney plonge tête la première dans ses teintes, et les charge d’une force et d’une présence admirable. Un grand splash de pigment, en plein dans nos mirettes.

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De 11 à 14€
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