En 1931, les surréalistes affichent clairement leur position : « Ne visitez pas l’Exposition coloniale ! ». Vous savez, cette fameuse expo qui mettait en scène des zoos humains pour valoriser l’empire français ? Alors évidemment, en 2023, on aurait tendance à se revendiquer #TeamSurréalistes. Mais Beaubourg tient ici à apporter de la nuance, afin de répondre à des questionnements qui subsistent encore aujourd’hui. Parce que oui, même les “gentils” de l’Histoire ne le sont pas à 100 %.
Au début du parcours, on craignait une analyse très binaire du sujet, avec à gauche une partie pro-colonisation agrémentée de photos institutionnelles, et à droite une partie plus revendicatrice avec des tracts et des photos artistiques. On s’est bien trompés ! L’expo montre les 50 nuances de gris de l’engagement politique des intellectuels de l’époque. Car s’ils se positionnent bien contre les colonies, ils ne semblent pas se poser la question de l’appropriation culturelle, de l'exotisation de certaines populations ou de sa fétichisation. Bref, ils dénoncent, mais d’une façon qui ne serait certainement pas acceptable aujourd’hui. Heureusement, des textes d’Aimé Césaire et de Paulette Nardal ainsi que l’intervention des rappeurs Casey et Rocé apportent un regard plus moderne bienvenu.
Franchement à l’étroit dans son petit sous-sol, l’expo tente de compenser par une multitude de cartels très détaillés. Ne vous laissez pas avoir par sa petite taille et pensez à prendre un kawa avant, parce qu’il faudra être bien réveillé pour apprécier la qualité et la richesse du travail de la commissaire Damarice Amao, qui signe là une expo d’utilité publique.