Dans les couloirs d’un ancien lycée technique du 19e, on pousse la porte d’une salle de chimie où trois artistes font fusionner leurs idées dans un grand bric-à-brac organisé. Un coup d’œil indiscret dans une autre pièce nous donne un avant-goût des sculptures pendues au plafond de Daiga Grantina, que l’on retrouvera dans une prochaine exposition au Palais de Tokyo. DOC!, l’association basée dans les 3 000 m² de cet ancien établissement scolaire qui a coupé sa cloche en 2001, s’attaque à toutes les matières avec des expositions, un ciné-club, un club de lecture anarchiste, un open-mic, un théâtre, des concerts et ateliers réunissant une centaine d’artistes. Depuis 2015, l’association, constituée au départ d'artistes anciennement basés au 6B, en quête d'un lieu où le partage entre résidents serait prioritaire, a pris ses quartiers au 25 rue du Docteur-Potain et entamé un immense chantier constamment in progress, où les œuvres prennent vie.
Des pôles de travail du bois et du métal sont ouverts à tous, aimantant rapidement les plasticiens fraîchement sortis de l’école et en quête d’un endroit où exercer leur art. La location d’un atelier, parfois partagé, vaut 5 € du mètre carré, mais à condition de mettre la main à la pâte. Les bâtiments et la cour transformée en jardin sont entretenus par les artistes eux-mêmes. Ils appartiennent à la région et deviendront peut-être des logements sociaux. En attendant, dans leur entre-deux, ils sont un peu comme les personnages de Lost, bouillonnant de vie et d’expérimentations, même si cela demande du savoir-faire DIY et de ne pas avoir peur des obstacles à surmonter dans cette configuration « zéro subvention ».
L’ancienne cour du lycée est un grand potager, dont les jardinières ont été fabriquées in situ. Des œuvres en métal y gisent. Ici, on ne squatte pas, on produit. Progressivement, l’espace s’est ouvert aux musiciens, aux compagnies de théâtre, aux vidéastes qui ont accès à un pôle de postproduction. Bien qu’on ne puisse visiter l’exposition en cours que sur rendez-vous, le lieu est loin d’être replié sur lui-même. D’ailleurs, les artistes exposés viennent toujours de l’extérieur. DOC! tient à s’insérer dans la vie de quartier, et des événements tels que la projection de courts-métrages sur la place des Fêtes et sa participation à la Nuit Blanche sont déjà prometteurs, à condition que les menaces d'expulsion cessent de planer sur l’association.