Dress Codes - Montréal-Paris

Une exposition collective réunissant des artistes femmes venues des deux pays qui se jouent des clichés de genres en en revêtant les habits.
  • Art, Photographie
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Time Out dit

Vidéos, photos et autres installations sonores habitent la salle d'expo de Mains d'Œuvres - associé au centre d'art Diagonale de Montréal - en un parcours simplement (dés)ordonné où, d'un seul regard, on embrasse l'ensemble des œuvres tout en distinguant tout de suite la particularité de chacune. L'imposant mur de portraits de Johanna Benaïnous et Elsa Parra, endossant aussi bien les habitudes du corps (par la pose) que les signes d'appartenance à une certaine classe sociale (par le look), présente ainsi côte à côte les différents visages d'une même jeunesse contemporaine, identifiable par ses propres clichés.

'Dress Codes' ou l'apparat du cliché

En incarnant elles-mêmes ces portraits extrêmement réalistes, qu'on dirait tout droit sortis d'un livre de Sally Mann, le duo d'artistes décale le regard et en interroge l'étroitesse. Peut-on se contenter de regarder ces jeunes comme étant seulement les emblèmes de leur jeunesse ? Qu'est-ce qui retient notre regard, le cliché réconfortant mais paresseux, ou le désir de voir au-delà ? Non sans humour et avec parfois une audace dérangeante, les œuvres de 'Dress Codes' nous mettent face à notre propre perception. En revêtant toutes les habits du cliché dont elles veulent démontrer tant l'absurdité que la bêtise ou l'injustice, les huit artistes accueillies à Mains d'Œuvres définissent un cadre de représentation et de questionnement commun. Leurs œuvres se répondent et se complètent dans un mouvement fluide et sans hiérarchie. La cohérence des rapprochements de ces différents travaux fait la force de cette exposition. Et, bien que le propos général soit percutant et nécessaire, l'intérêt esthétique des œuvres reste secondaire.

En effet, mise à part les portraits évoqués plus haut, d'une qualité plastique déconcertante, le reste des œuvres s'inscrit dans une esthétique faussement amatrice qui fait peu de cas de sa valeur formelle. Parti pris assumé, qui cherche à déboussoler le cliché artistique en ne s'inscrivant ni dans ses règles ni dans ses formes, la réalisation « sale » ou décomplexée des codes de l'art brouille cependant la lecture des œuvres et en parasite parfois le propos. Intrigante malgré ce décalage plastique qu'on ne saisit pas très bien, l'exposition 'Dress Codes' a au moins l'audace et la franchise de déboulonner des clichés qui sont profondément enracinés dans notre culture et donc dans notre regard. 

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