Pour qui ? Ceux qui croient en un art qui ne se prend pas la tête
Voir quoi ? De la couleur qui pète ! (Et des visages trop mignons)
A la désignation « peintres du dimanche », le musée Maillol préfère « naïfs » pour qualifier les sept peintres français mis à l’honneur jusqu’au 19 janvier 2020. Loin de la fame des artistes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, les naïfs sont tour à tour douanier, imprimeur ou femme de ménage, et n’ont squatté ni les bancs de l’université, ni ceux des académies de peinture.
Et pourtant, lorsqu’on se déplace dans l’espace dédié du musée Maillol, on est frappé par la modernité qui caractérise ces indisciplinés. On y retrouve ainsi des références au japonisme, avec des paysages à l’absence de perspective marquée, ou encore une simplification des silhouettes postimpressionniste, non sans rappeler le travail de Georges Seurat. En bref, si les naïfs peignent après le boulot, ils ne sont pas moins inscrits dans un savoir-faire ultramoderne. Et même plus. Car certes, les artistes sortant des Beaux-Arts maîtrisent leur coup de pinceau, mais ceux qui agissent par pure passion ne sont bridés par aucune convention, et c’est sans doute ce qui confère aux œuvres issues de la collection Wilhelm Uhde cette énergie si vibrante.
Dans un parcours alternant paysages, natures mortes, nus et portraits, on découvre un Henri Rousseau, douanier de son état, dont le primitivisme, l’humour et les couleurs éclatantes nous charment dès le premier coup d’œil. Plantes fantasques de Séraphine de Senlis, bonne franquette chez Jean Eve ou jungle mystique chez Ferdinand Desnos, c’est émerveillé que l’on se balade dans une expo qui ne (se) prend pas la tête. Un bain de fraîcheur pour les yeux et pour l’esprit.