D’abord prouesse technologique, puis art, avant de devenir une véritable industrie, le cinéma a connu bien des vies avant Hollywood et les Oscars. A l’origine pourtant, un seul but motive sa création : celui de retranscrire fidèlement le mouvement et le passage du temps. Des thématiques centrales dans l’histoire de l’art qui ont, dès l’Antiquité, fasciné sculpteurs et peintres, les poussant à redoubler d'inventivité pour dépasser les limites de leurs médiums. On pense notamment à notre Claude Monet national qui, pour représenter le défilé du soleil, a peint la même façade (celle de la cathédrale de Rouen) de 1892 à 1894 à des heures différentes de la journée. Malin. Mais pas suffisant.
C’est justement ce rapport aux autres types de création qu’a souhaité explorer le musée d’Orsay à travers une expo thématique rassemblant près de 300 œuvres, allant du dessin au film en passant par de la peinture et le zootrope. Un projet dense conduit par un appareil critique ultra bien bossé, qui rend le sujet accessible et ludique malgré sa complexité apparente.
On se balade ainsi au fil du parcours pour découvrir l’influence des potes des frères Lumière, Monet, Cézanne et Renoir, sur les premières projections, mais aussi pour attester de la fascination des artistes pour la ville, la nature, les corps. Entre les projections de lanternes magiques et les premiers dessins animés, les captations des danses endiablées de Loïe Fuller et l’apparition progressive du son et de la couleur, c’est toute une histoire qui est retracée ici, avec grâce.