Vladjimir Legagneur, c'est ce jeune journaliste haïtien disparu, vraisemblablement assassiné par un gang à Port-au-Prince il y a un an, en mars 2018. Ses photos, vives, souvent très frontales, jamais misérabilistes, s'attachent à peindre la jeunesse de son pays. Une décennie de travail de rue, entre 2010 et 2017, à laquelle rend hommage cette exposition gratuite, visible du 14 mars au 14 avril 2019 au Café de l'Oratoire aux Grands Voisins.
Orphelin dès l'âge de 5 ans, originaire comme beaucoup de ses sujets du même quartier chaud de Grande Ravine, Vladjimir a été l'un de ces gamins des rues, avant de se déclarer "sauvé" par l’école et la religion. "A travers cette série", écrivait-il dans une note d'intention, "je rends hommage à ces enfants et retrouve en eux une colère familière, mais aussi cette absence de naïveté propre à ceux qui sont devenus adultes trop vite, et je ne peux m’empêcher d’espérer pour eux un meilleur futur". Témoin "Luckson", son premier reportage photo sur le quotidien d’un jeune adolescent, père à 14 ans.
Organisée par l'auteure et réalisatrice française Léa Domenach, qui avait été sa tutrice de stage et son témoin de mariage, soutenue par l'asso Reporters sans Frontières, l'expo s'articule en trois parties (Espoirs de demain; Après l’Ouragan Matthew; Fête des Morts). Elle donne à voir une vingtaine de clichés pris au cours de la courte carrière de Vladjimir Legagneur, accompagnés de ses textes ou ceux de personnes avec qui il a collaboré. "C’était un garçon talentueux, intelligent, curieux et débrouillard. Un garçon (...) qui s’est construit grâce à sa volonté, son travail et son talent" résume sobrement Léa Domenach.