Exposition Jean Paul Gaultier (Paolo Roversi, 'Kristen McMenamy, rue de la Goutte d’Or', Paris, 1994 / © Paolo Roversi )
Paolo Roversi, 'Kristen McMenamy, rue de la Goutte d’Or', Paris, 1994 / © Paolo Roversi

Exposition Jean Paul Gaultier au Grand Palais

Du 1er avril au 3 août, direction la « planète mode » du couturier français

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La « planète mode » de Jean Paul Gaultier a déjà fait le tour du monde : après Londres, Montréal, San Francisco, Madrid ou Rotterdam, la spectaculaire exposition du créateur français arrive enfin à Paris - où l'on attendait de pied ferme le célèbre natif de la banlieue sud. Et il faut avouer qu'on n'est pas déçu : l'enfant terrible de la mode y expose en effet pas moins de quatre décennies de son travail, essentiellement de haute-couture, mais aussi de prêt-à-porter, témoignant à la fois d'un éclectisme joyeux et d'une exceptionnelle cohérence. Surtout, le regard que Gaultier pose sur les mutations de la société apparaît toujours joueur, inventif, provocateur, n'hésitant pas à renverser les normes établies pour mieux retranscrire le dynamisme à l'œuvre au sein du corps social. Sans jamais rien perdre de sa légèreté.

Jonglant entre extravagance punk et french cancan, sadomasochisme en rouge et noir et plumages multicolores, Madonna et Pedro Almodóvar, Yvette Horner ou Kate Moss, robes de mariée et treillis militaires, Jean Paul Gaultier s'est toujours plu à sampler les références culturelles avec humour et gourmandise. Mais ça, on le sait depuis un petit bout de temps, nous objecterez-vous. Certes. Sauf qu'à travers la proximité qu'elle offre avec ses créations, l'exposition permet d'entrer de plain-pied dans les détails d'une virtuosité d'autant plus impressionnante qu'elle s'affirme toujours humble et ludique. Ainsi, des accessoires de friperie (boucles d'oreilles, sacs à main...), de vieux bouts de jean ou des tissus de récup viennent compléter des parures d'une maestria à faire convulser Anna Wintour. Pourtant, loin d'opposer les origines ou les références, l'alchimie de JPG, délicate plutôt que frontale, consiste précisément à rendre éclatante cette complémentarité, a priori paradoxale, entre des matériaux aussi divers que la société elle-même peut l'être.

Le caniveau et le bleu du ciel, l'Art majuscule et la culture de masse, les top-models squelettiques et les grandes gueules en surpoids, les tissus nobles et le kitsch : harmonisant les contradictions, l'œuvre de Jean Paul Gaultier, davantage encore qu'esthétique ou politique, se révèle profondément éthique et humaniste, ouverte sur autrui sans jugement de valeur. Un exemple parmi d'autres avec sa fameuse jupe pour hommes, dont le but n'est pas le simple travestissement, le goût de la provoc ou le militantisme, mais bien plutôt la recherche d'un équilibre queer, d'une grâce hybride, d'une complexité à la fois féminine et masculine. Qui sait, sous le mascara dégoulinant d'une drag-queen mélancolique, faire surgir l'antique beauté androgyne de l'hermaphrodite.

Or, cet état d'esprit libre et accueillant - qui fait toute la personnalité, aussi riche qu'attachante, du créateur de mode - transparaît tout au long de l'exposition, servie par une scénographie imaginative qui la rend étonnamment vivante. Ainsi, des projections sur les visages des mannequins leur permettent de parler ou chanter, tandis que projections (de films, clips ou émissions de télé) et jeux scéniques (avec, notamment, d'amusants « glory holes » de voyeurs, situés à l'arrière d'une pièce dédiée à l'imagerie SM) viennent compléter le dispositif de ce remarquable tour d'horizon, aussi réjouissant pour les amateurs de mode que passionnant pour les néophytes.

Où ? • Au Grand Palais, 3 avenue du Général Eisenhower, 8e. 
Quand ? • 
Du 1er avril au 3 août 2015. Du mercredi au samedi de 10h à 22h ; le dimanche et le lundi de 10h à 20h.
Combien ? • 
13 € (tarif réduit 9 €).

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