On avait un peu déserté le musée Picasso ces derniers temps. Entre la myriade d’expos “Picasso et (insérer le nom de l’artiste de votre choix)” et l’histoire personnelle du peintre carrément douteuse, il fallait une sacrée bonne raison pour que l’on se décide à y remettre les pieds. Cette bonne raison s’appelle Faith Ringgold. Peintre originaire du Harlem des années 1930, elle est une des grandes figures artistiques des luttes antiracistes et féministes aux Etats-Unis, des droits civiques au mouvement Black Lives Matter. Alors que la peinture moderne est aussi blanche qu’un Breton en hiver, Faith Ringgold décide de se réapproprier cette histoire de l’art excluante et d’offrir un dialogue entre les références européennes ultra-connues et celles de la Renaissance de Harlem.
Inspirée par Guernica pour dépeindre la violence de la ségrégation dans son œuvre Die – issue de la série American People — ou par les chefs-d'œuvre français dans sa série de quilts The French Collection, Faith Ringgold n’oublie jamais de mettre la figure noire au centre de son œuvre. La guerre civile espagnole devient alors une scène de baston tout droit sortie d’un Tarantino quand les Demoiselles d’Avignon accueillent une nouvelle muse, Willia Marie Simone, personnage féminin noir fictif imaginé par l’artiste. Thématique et chronologique, le parcours parfaitement documenté rend compte de la multitude de supports sur lesquels bosse la plasticienne et, surtout, de sa ferveur politique. Car à 92 piges, Mamie fait bel et bien de la résistance.