Pour qui ? Les rêveurs de jour.
Voir quoi ? Un artiste trop méconnu.
Quarante ans que Paris n’avait pas eu le droit aux œuvres du belge Fernand Khnopff (prononcez comme vous pouvez). Mais le Petit Palais offre enfin au maître de l’énigme une nouvelle exposition à la hauteur de ses mystères. Ceux du symbolisme européen de la fin du 19e siècle.
Dans cette expo, vous voilà dans un manoir plein de secrets. Un véritable sanctuaire qui rassemble une centaine des pièces de l’artiste : dessins, gravures, peintures et sculptures, Fernand Khnopff était un touche-à-tout. Et il décline ici à l'infini l’ensemble de ses obsessions : une monomanie pour sa sœur (les portraits de Marguerite sont assez troublants), et pour les femmes en général, adulées et transformées en déesses —surtout Hypnos, divinité du sommeil.
Un éternel féminin que l’on préfère à celui d’Alphonse Mucha. Sa fantaisie se retrouve particulièrement sur les visages et sur ces corps de femmes déifiés, tout ça sous un pastel délicat qui donne à ses irréels un aspect brumeux, créant sur toile des brouillards de rêve : « le sommeil est ce qu’il y a de plus divin » disait-il.
Grand plus, ses œuvres sont confrontées à celles d’artistes plus récents (le photographe Hiroshi Sugimoto y montre ses visions d’ombre et de lumière). Des comparaisons qui sont comme des guides de voyage. Et oui, le symbolisme est loin d’être un art de l’immédiat. C’est la quête d’une autre réalité, une randonnée qui demande un peu de pratique. Et les bonnes chaussures.