Si nos potes dans le Sud se régalent avec les Rencontres de la photographie d’Arles, à Paris, on est pas mal loti non plus avec le festival Circulation(s), une manifestation 100 % photo qui squatte le Centquatre depuis 13 éditions déjà, inlassablement. En misant sur des photographes émergents, le festival organisé par le collectif de curatrices Fetart prouve qu’en matière d’art, c’est toujours une bonne idée de faire confiance à la jeunesse. Transidentité, écologie, racisme… Les thèmes du moment (souvent politiques) s'enchaînent sous l’objectif des 26 photographes exposé(e)s qui n’ont pas peur de choquer.
Le parcours commence sous la nef, au milieu des danseurs, avec des grands tirages valorisés par la scénographie haute en couleur, caractéristique de la manifestation et devenue au fil du temps un véritable objet de signalétique. Sur des blocs électriques, nos mirettes explosent devant les prises de vues autobiographiques du couple en pleine transition Noah Ambiehl et Mathis Benestebe, les talons brutalistes de Jojo Gronostay et le portrait de la mégalopole Saïgon (Hô Chi Minh-Ville) par Cynthia Mai Ammann.
Un effet waouh qui se poursuit dans les ateliers avec des partis pris particulièrement forts cette année. On a aimé les clichés de Kinga Wrona, qui capture élégamment la catastrophe sociale qui a suivi l’éruption du volcan Cumbre Vieja (La Palma) en 2021, et l’installation de Mitchell Moreno, Body Copy, qui traite de dysmorphie corporelle. Et comme chaque année, le festival met un coup de projo sur un pays européen : la Bulgarie représentée par quatre artistes. Nos préférés ? Martin Atanasov, qui documente la transition du communisme à la démocratie, et Tihomir Stoyanov, qui nous fait entrer dans la tradition du portrait en Bulgarie à travers une série touchante.