Figures du Fou, au musée du Louvre
L'aveuglement volontaire Maître de 1537 Portrait de fou regardant à travers ses doigts vers 1548 Huile sur bois, 48,4 x 39,6 cm Anvers, The Phoebus Foundation

Critique

Figures du Fou, au musée du Louvre

3 sur 5 étoiles
Dommage, ça aurait pu être une expo de ouf.
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Zoé Terouinard
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Time Out dit

Le Louvre s’est lancé dans un projet un peu dingue : rassembler des siècles de folie dans une exposition blockbuster au cœur du hall Napoléon. Un défi qui repose sur près de 350 œuvres, de la petite médaille à la tapisserie XXL, réparties sur un parcours à la fois chronologique et thématique particulièrement dense. Sept parties et une vingtaine de salles, franchement ? Ce qui devait arriver arriva : une première étape extrêmement riche éclipse la suite pour un ensemble un peu déséquilibré dans lequel on finit par se perdre. 

La balade commence au Moyen Âge, où le fou est partout et prend de multiples formes. C’est celui qui ne croit pas en Dieu, celui qui amuse la galerie, celui qui ne pense qu’au sexe, celui qui est sapé n’importe comment. Bref, celui qui est à la marge. Littéralement, comme le montre une série d’enluminures où les dessins du fou sont mis à l’écart du reste du texte. Pourtant, le fou – figure aussi subversive que politique – infuse dans la société, il a sa place à la cour du roi comme en ville, lors de carnavals où toute la population se met dans sa peau entre bonnet d’âne et crête de coq (illustré à la perfection par le Fou regardant à travers ses doigts (1537), affiche de l’expo).

L’exposition aurait aussi bien pu s’arrêter là. Car une fois passée la Renaissance – incarnée par le chef-d’œuvre de Jérôme Bosch, Le Concert dans l’œuf (1561) –, l’arrivée de la psychiatrie ôte toute légèreté au sujet, qui commence à être enfermé dans les premiers établissements médicaux occidentaux. Si l’immense tableau de Tony Robert-Fleury, Pinel, médecin en chef de la Salpêtrière délivrant les aliénés de leurs chaînes (1876), témoigne de ce nouveau traitement du « fou », cette partie manque cruellement d’illustrations (les collections du Louvre s’arrêtent à la moitié du XIXe siècle, ceci explique peut-être cela). Un déséquilibre heureusement rattrapé par quelques beautés, dont le fameux Désespéré de Gustave Courbet, peint vers 1844, qui rattrape le coup in extremis. 

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