Pour qui ? Les penseurs fous
Voir quoi ? Des triptyques à couper le souffle et des toiles un peu flippantes
Après une programmation estivale un peu plate, la rentrée démarre fort dans nos musées parisiens : le musée du Quai Branly souffle ses 20 bougies, Léonard de Vinci squatte les galeries du Louvre et, surtout, le peintre britannique Francis Bacon fait l’objet d’une expo événement au centre Pompidou. Savamment menée par Didier Ottinger, elle présente l’un des artistes les plus torturés du XXe siècle à travers le prisme inédit de la littérature.
1971. Tout semble sourire à Francis Bacon, portraitiste du Swinging London, dont les œuvres sont sur le point d’être présentées au Grand Palais, où seul Picasso fut exposé de son vivant. Seulement, deux jours avant le vernissage, son compagnon George Dyer met fin à ses jours. Fini la pop anglaise en guise de BO, ce sont les livres qui accompagneront l’artiste durant les 20 dernières années de sa vie.
En plein deuil, Bacon veut peindre la vie. Il crée du mouvement sur de la 2D, explore 50 nuances de chair et dissèque l’humanité en trois exemplaires. Aussi géniales que complexes, ses quelque 60 œuvres post-traumatiques s’accompagnent de lectures de Nietzsche ou Conrad. Car Bacon, c’est un mec qui pense, jusqu’à se faire bouffer par ses propres divagations mentales. La preuve avec le triptyque Trois Etudes de figures au pied d’une crucifixion, où des monstres flippants sont apparentés aux Euménides, déesses du remords présentes chez Eschyle, symboles de la culpabilité de Bacon relative à Dyer, mort d’une overdose d’alcool et de drogue. Un corpus aussi violent que fascinant, présenté dans une scéno à la sobriété juste et élégante.