Connu pour son Cauchemar, le peintre suisse Heinrich Füssli (1741-1825) se glisse souvent dans des expos collectives en France sans jamais être consacré pour lui-même, alors qu’il jouit pourtant d’une énorme notoriété en Angleterre. Cet ancien presque-prêtre est un gros fan de Shakespeare, ce qui le poussera d’ailleurs à s’installer à Londres pour explorer, en peinture, la noirceur de la vie. Un amour qui se manifeste notamment dans les multiples déclinaisons sur toile des œuvres du Barde.
Sans surprise, l’ambiance est aussi lourde qu’une raclette en été. Une pesanteur que l’on retrouve aussi bien dans les 57 œuvres exposées que dans la scéno du musée, dont les espaces étroits aux teintes sombres deviennent carrément oppressants. C’est simple : on ne voit rien. Les tableaux tout aussi dark ressortent mal, et nos yeux souffrent à force d’être plissés. Un choix de traitement homogénéisant un peu trop l’ensemble, qui en devient presque fade.
Pourtant, lorsque l’on s’attarde sur les œuvres, on est frappé par la qualité de traitement des corps et des clairs-obscurs, et la quantité d’éléments fantastiques nous donne des idées de costume pour la teuf du 31 octobre. Et si les décisions scénographiques sont critiquables, la médiation rattrape le coup et nous permet de découvrir un artiste autodidacte aux influences multiples que l’on espère vite revoir à Paname.