Eva Jospin et le musée de la Chasse et de la Nature, c’est une longue histoire d’amour ! Il y a dix ans, le spot faisait l’acquisition d’une Forêt monumentale, première œuvre de la plasticienne à entrer dans une collection muséale. Aujourd’hui, le musée laisse carrément carte blanche à l’artiste française qui investit l’espace de carton savamment sculpté, transformant les volumes initiaux en de véritables éléments architecturaux tout droit sortis de la Renaissance. Plinthes, niches et volutes forment une Galleria unique, structure de 4 mètres de haut accueillant une série de motifs minutieux et une expo d’arbres plus vrais que nature. Un studiolo revisité, sauce XXIe siècle !
Au-delà de la prouesse technique (car transformer du carton en de la dentelle, c’est pas si facile, croyez-nous), l’artiste joue sur les échelles et les mises en abyme, créant ses propres espaces d’exposition au sein des galeries du musée. Sous ses mains expertes, son matériau pas si pauvre devient ruine antique (Capriccio, 2019), tombeau (Cénotaphe, 2020) ou Balcon (2015) tout droit sorti d’un drame shakespearien. Star de cette carte blanche, Eva Jospin profite de l’occasion pour inviter ses potes à investir à leur tour les murs du musée. Signés Guillaume Krattinger, Faustine Cornette de Saint-Cyr ou encore Aurore d’Estaing, des oiseaux et papillons délicatement peints et des vases plein de surprises squattent les étagères et renforcent l’aspect “cabinet de curiosités” du travail d’Eva Jospin.
Là où l’on imagine le carton se flétrir ou tomber sous le poids des idées de la plasticienne, celle-ci nous prouve que son matériau de prédilection n’est pas si fragile, défiant même les limites du temps et de l’histoire.