Après avoir célébré les femmes dans l’abstraction, le Centre Pompidou met un coup de projo sur l’une des artistes majeures de la peinture abstraite : Georgia O’Keeffe. Coloriste hors pair et personnalité sulfureuse, l’Américaine - encore trop peu connue en France - attire, irrésistiblement.
Là où les ricaines puritaines se cantonnent à l’espace domestique, O’Keeffe, elle, plaque son Wisconsin natal et sa cuisine pour Chicago, puis New York, où elle rencontre Alfred Stieglitz, père de la photographie moderne américaine et galeriste de l’avant-garde. Celui qui deviendra son mari exposera son corps nu dans sa galerie 291 au côté de Picasso, Rodin ou Brancusi... Mais le rôle unique de muse, très peu pour Georgia qui revendique sa liberté, pinceau à la main.
A travers des peintures florales aux faux airs de vulves - ressemblance cependant toujours niée par l’artiste -, des paysages abstraits ou des zooms d’ossements, O’Keeffe explore la matière et la couleur avec une facilité déconcertante. On se demande parfois même si les toiles ne sont pas rétroéclairées tant les nuances irradient. Mes amis, on a ici affaire à un génie ! Au fil du parcours, on oscille entre abstraction pure, surréalisme ou même peinture moderne à la Hockney, nous prouvant encore une fois que la meuf sait tout faire.
L’expo rassemble dans un grand white cube la crème de la crème de ses œuvres, issues des plus grandes collections américaines. Si le choix de l’épure est assumé par Beaubourg, la circulation, elle, laisse franchement à désirer. On se paume dans l’espace, revenant sur nos pas et ne quittant pas notre précieux programme chopé à l’entrée, pour être sûr de ne rien louper. Car passer à côté de ne serait-ce qu’une œuvre de Georgia O’Keeffe, croyez-nous, c’est impensable !