Avoir sa rétrospective au musée d’Art moderne, c’est la classe. Mais s’en payer une deuxième, de son vivant, et au Centre Pompidou, là, c’est carrément le Graal. Rares sont les artistes à pouvoir s’en vanter. Gérard Garouste, 73 ans, en fait partie. Et après avoir visité l’expo, on n’a qu’une chose à dire : c’est amplement mérité.
On parle ici d’une gigantesque exposition retraçant cinquante ans de travail, à base de plus de 100 tableaux dont de très grands formats, une immense installation circulaire en hommage à Rabelais, des sculptures, et même des enluminures de textes saints. Plus touche-à-tout que Gérard Garouste, tu meurs : le mec a décoré la boîte de nuit le Palace, peint le plafond d’une chambre de l’appartement présidentiel du palais de l’Elysée et même donné la réplique à Catherine Deneuve.
“La peinture de cet artiste virtuose fait réfléchir sans être pour autant intellectuelle. Elle questionne et dérange aussi, tout en étant accessible à tout le monde.” On n’aurait pas trouvé mieux que les mots de la commissaire Sophie Duplaix pour décrire le boulot de Garouste, lui qui ne manque pas de références mythologiques ou littéraires mais dont les œuvres évoquent pourtant un gros trip sous LSD. L’accrochage et la scénographie sont tout simplement parfaits et servent à merveille un parcours chronologique très clair. Diagnostiqué bipolaire, celui qu’on surnomme “l’Intranquille” teinte son œuvre de réflexions psychologiques en s’inspirant notamment de ses rêves, alliant peinture classique et surréalisme 2.0.
Parfois on rit, parfois on bugue. On peut même être gêné. Mais une chose est sûre : le Centre Pompidou nous embarque de bout en bout.